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Première année d’expatriation à Abidjan

J’ai écrit cet article en septembre 2018 alors que j’entamais ma 2ème année d’expatriation à Abidjan. Je l’ai ensuite laissé traîner dans un coin sans jamais le publier. Je venais de lancer mon blog et ma priorité était plutôt de vous parler de la Côte d’Ivoire, pas de mes états d’âme. 

Aujourd’hui, le blog est bel et bien là, il existe maintenant depuis presque 5 ans ! Pendant mon expatriation en Côte d’Ivoire, je l’ai régulièrement nourri d’articles sur mes escapades et voyages en Afrique. Ensuite, de retour en France, j’ai mis le blog en pause (et moi aussi d’ailleurs). Et puis après une année de ré-adaptation à mon pays, j’ai enfin retrouvé le plaisir d’écrire et de partager. 

En relisant ma prose, je me suis dit que cet article était un instantané intéressant d’une époque de ma vie. Il dresse notamment un bilan de ma première année à Abidjan. Ce qui pourrait être utile aux personnes souhaitant partir vivre en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi j’ai décidé de le publier aujourd’hui. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais. 

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Une première année à Abidjan passée si vite

Notre première année d’expatriation en Côte d’Ivoire est désormais loin derrière nous. A l’issue de cette saison 1,  j’ai rencontré des gens exceptionnels (et mes enfants aussi), j’ai une maison avec des meubles dedans, des activités voire même une activité professionnelle de temps en temps, des bons plans, un carnet d’adresses rempli de contacts pour fabriquer rideaux, encadrements, meubles ou encore moustiquaires et surtout un médecin que je peux déranger à toute heure du jour et de la nuit quand mes enfants font une pointe de température à 38,5°. Le paludisme ne me fait (presque) plus peur, les mouches de Cayor et les mambas verts encore moins (enfin, les mambas verts un peu mais heureusement je n’en ai encore jamais croisé). J’ai enfin obtenu ma carte de résident et mon permis ivoirien, même si ça a été l’aventure. J’ai appris à conduire au milieu des gbakas et des wôrô-wôrô (rappel : la priorité à droite et le clignotant n’existent pas ici) et j’arrive même à me repérer dans la ville. Bref tout va bien, je suis en terrain conquis et j’ai appréhendé la 2e rentrée avec sérénité et excitation. 6 mois après avoir lancé mon blog, retour sur ma première année à Abidjan et ses premiers enseignements.

 

Les points positifs et tout ce qui s’est bien passé

L’installation

En fait, tout était super simple. J’appréhendais beaucoup les premières semaines de vie à Abidjan sachant que je n’avais pas eu la possibilité de faire un voyage de reconnaissance, que nous avions certes déjà trouvé une maison mais vide, qu’il fallait donc en l’espace d’une semaine trouver le minimum vital pour se meubler, acquérir les bons réflexes pour se protéger des moustiques, gérer la rentrée des classes, trouver une crèche pour le petit dernier, avoir une connexion internet et un numéro de portable … dans une ville où tout fonctionne par bouche-à-oreille. De France, je me préparais à gravir l’Everest et surtout à galérer pendant des jours et des jours. Finalement, une fois sur place, tout m’a semblé facile. La solidarité est forte entre les expats, les bons plans se transmettent de whatsapp en whatsapp. Et j’ai surtout eu la chance de tomber sur la super « Cactus Team », les meilleures voisines du monde aka Sophie & Sophie, qui m’ont énormément aidée et conseillée (et le font encore d’ailleurs) dès le premier jour.

Les moustiques

Principal sujet de stress avant d’arriver à Abidjan et mille questions sans réponse qui tournaient dans ma tête. Est-ce qu’on prend de la Malarone ou pas ? Et comment faire pour bien se protéger ? Et si l’un de nous attrape le paludisme, on fait quoi ? Aujourd’hui, comme (presque) tous les résidents des zones impaludées, nous ne prenons aucun traitement. Nous nous protégeons avec du répulsif, des moustiquaires, des vêtements longs le soir. Pour les enfants, le couvre-feu est à 18h – avant l’arrivée de l’Anophèle Gambiae et Funestus qui véhicule le parasite. Pour l’instant, aucun membre de la famille n’a été touché, il faut toujours rester vigilant mais on vit avec. Et on sait que si ça arrive un jour, on sera bien soigné ici à Abidjan.

Les rencontres

En moins d’un an, j’ai rencontré plus de monde à Abidjan qu’en 3 ans à Marseille ! C’est une des caractéristiques de l’expat, les rencontres sont immédiates, les relations se nouent rapidement. Les liens d’amitié aussi. Je ne me suis jamais sentie seule et isolée depuis mon installation en Côte d’Ivoire. Très vite, ce nouvel environnement qui m’était encore totalement étranger il y a un an et demi est devenu un endroit familier où je croise sans cesse des personnes que je connais et avec qui j’ai plaisir à échanger. La clé pour se sentir bien dans son pays de résidence.

Les activités

Si vous consultez la page « A voir / A faire » dans le guide touristique d’Abidjan, vous pourrez compter les suggestions sur les doigts d’une main. Mais dans la vie de tous les jours, les activités ne manquent pas, pour les enfants comme pour les grands. On peut vraiment tout faire à Abidjan – sports en tout genre, randonnées, musique, dessin/peinture, galeries d’art, concerts, spectacles – ce qui est loin d’être le cas dans les autres métropoles de la sous-région. Pour en savoir, j’ai d’ailleurs établi une liste du Top 10 des activités à faire dans la capitale.

L’intégration des enfants

Annoncer à mon fils que nous partions vivre à l’étranger et qu’il allait donc quitter ses potes, son école, sa famille, sa ville … a été une véritable épreuve. L’excitation qui a fait suite à cette annonce – « je vais aller vivre en Afrique, faire des safaris et voir des lions !!!! » – a vite laissé place à la tristesse. Mais les enfants sont surprenants et pleins de ressources n’est-ce pas ? Mon fils aîné s’est vite adapté même si ses potes lui manquent toujours. Il s’est senti à l’aise au bout de quelques jours, en particulier quand il a découvert que son nouveau voisin avait le même âge que lui. Quant au petit dernier, qui avait 2,5 ans à son arrivée, tout est passé comme une lettre à la poste.

Les plages, en particulier celles d’Assinie

Juste magnifiques ! Des palmiers à perte de vue, du sable fin, des « dollars d‘Assinie » qui n’aspirent qu’à être ramassés, et des vagues infernales, aussi terrifiantes que fascinantes, qui font le bonheur des fans de surf. Assinie Paradis.

La météo

La chaleur, la chaleur, la chaleur et encore la chaleur. Je ne m’en lasse pas. Mais il est vrai que le climat peut être pesant compte tenu du niveau extrêmement élevé d’humidité.

L’Afrique, la vraie !!

Si j’avais certes déjà fait quelques incursions en Afrique (Maghreb essentiellement), l’Afrique de l’Ouest m’était totalement inconnue. J’ai donc débarquée vierge de toute idée et image, la chanson de Rose Laurens dans la tête (je vous avais dit que j’avais plus de 40 ans!) et une envie folle de profiter de cette aventure pour découvrir le continent. Alors même si les premiers jours furent un choc, je dois avouer que je suis vite tombée sous le charme d’Abidjan et suis très heureuse, chaque jour, d’apprendre à connaître la Côte d’Ivoire, ses habitants, son histoire et sa culture. D’où aussi la création de ce blog qui me permet de raconter l’Afrique que je découvre et que j’aime.

Comment ça, vous ne connaissez pas Rose Laurens ? Réparons cela de suite …

 

Peut mieux faire …

Le manque de visite des proches

Les amis et la famille (en dehors de ma maman, et enfin ma meilleure amie qui a fait un passage éclair) se sont fait beaucoup trop rares. « C’est loin, c’est compliqué, c’est cher, c’est dangereux, y’a rien à voir, j’ai peur du palu, je ne veux pas faire le vaccin de la fièvre jaune, peut-être l’année prochaine … » on a tout entendu !! Et d’ailleurs, tous les arguments se tiennent. Alors j’espère que ce blog leur donnera envie de franchir le pas et de tenter l’aventure en 2019.

MAJ : des amis marseillais nous ont rendu visite en novembre 2019. Et puis basta ! Bilan final en 4 ans en Côte d’Ivoire : Amis : 2 – Famille : 5 – Belle-famille : 0

La pollution

Abidjan n’est malheureusement plus la perle des lagunes mais plutôt une poubelle à ciel ouvert. La plupart des véhicules qui y circulent sont des « au-revoir France », des engins qui avaient fait leur temps en France et qui n’avaient plus le droit d’y circuler. Ils finissent leurs vieux jours en Afrique et crachent leur fumée noire jusqu’à extinction. Quant aux déchets, ils sont partout : dans la rue, les caniveaux, la lagune. Une nouvelle décharge, avec enfouissement des déchets et usine de retraitement, doit ouvrir prochainement à 45km d’Abidjan en remplacement de celle d’Akouédo située dans la ville, à quelques kilomètres de chez nous. La valorisation des déchets est un énorme marché évalué à 14 milliards de Francs CFA, une mine d’or qui ne va pas manquer de susciter les convoitises et inciter les opérateurs privés à trouver des solutions pour nettoyer la ville. Un jour peut-être … Pour finir sur une note optimiste, les initiatives semblent toutefois se multiplier pour lutter contre ce fléau et redonner à Abidjan sa brillance d’antan. La société ECOTI SA a été choisie par le gouvernement pour ramasser, quotidiennement, les déchets dans les communes de Cocody, Abobo, Plateau, Anyama et Bingerville. Je croise de plus en plus de véhicules ECOTI dans la rue. Des initiatives privées, d’entreprises ou d’ONG, se développent également pour recycler les déchets (bouteilles de plastiques, HDPE, verre, électronique). Au niveau des réseaux d’expat, on s’organise pour mettre en place des points de collecte, partager ce genre d’informations… Je viens aussi de me lancer dans une nouvelle aventure en créant, avec quelques amies, « Les Fourmis Vertes de Babi », une association qui vise à promouvoir le « Zéro Déchet » et organise des ateliers pour faire changer nos comportements – en matière de consommation de plastique notamment – et réduire notre empreinte écologique. Une petite goutte dans un grand océan mais à laquelle je crois !

La bulle

Abidjan est une grande ville mais la communauté des expats est un petit monde. La rumeur circule ici plus vite que les wôrô-wôrô (taxi collectif qui quadrillent la capitale). Tout le monde sait tout sur tout et sur tout le monde, même ce qui est faux. Pour moi qui ai toujours vécu dans de grandes villes anonymes, c’est parfois un peu déroutant.

La météo (!)

La chaleur, j’adore. Mais l’humidité est en revanche souvent insupportable (au sens propre du terme), voire pesante. Elle nécessite d’utiliser beaucoup la climatisation, sinon tout s’abîme voire moisi. Elle rend difficile les activités outdoor comme tout simplement marcher dans la ville, faire un jogging… Et puis il y aussi la grosse saison des pluies particulièrement violente en juin. Il faut savoir qu’à cette période, les sorties à la plage sont terminées et on reste bien calfeutré chez soi si le déluge nous tombe dessus.

Le manque d’infrastructures touristiques

La Côte d’Ivoire n’est pas très touristique. Les infrastructures manquent, les routes sont en mauvais état. Et aussi parfois mal sécurisées. Le niveau de service est faible. On attend parfois 3 heures pour être servis au restaurant !? Certaines régions sont déconseillées à cause des coupeurs de route … Malheureusement, il n’est pas possible d’arpenter le pays de long en large et en travers, comme nous l’avons fait au Bénin par exemple. Toutefois, le pays aspire à devenir une véritable destination touristique et sans attendre, j’ai pas mal d’idées d’escapades en tête pour l’année à venir. Des structures touristiques se créent chaque jour, des projets d’éco-tourisme se développent avec de jeunes ivoiriens qui ont a cœur de faire connaître leur pays. Bref, ça bouge !!

 

Et si c’était à refaire ?

Evidemment OUI, OUI et OUI, je re-signe de suite !!! Ce n’est que le début de l’aventure. Une deuxième année est synonyme de nouvelles rencontres et de nouvelles découvertes. La possibilité d’approfondir les choses, de mieux comprendre le pays et le continent, d’aller plus vers les locaux, de développer de nouveaux projets.
Mes deux enfants sont désormais scolarisés dans la même école. Bye-bye donc les aller-retour à l’autre bout de la ville pour déposer et récupérer mon cadet à la crèche, soit un gain de temps d’environ 1h30 par jour. Du temps en plus pour faire les 1000 choses que j’ai envie d’entreprendre. Et notamment faire vivre ce blog et promouvoir la belle Côte d’Ivoire. Je vais donc bien sûr continuer de l’explorer (autant que possible) mais aussi essayer de nouer des contacts avec des professionnels du tourisme, d’autres bloggeurs, des gens passionnés qui veulent faire connaître leur pays. Et également m’investir dans deux très beaux projets associatifs relatif à la protection de l’environnement.

Bref, vive l’année #2!

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