23 Mar Visiter Soweto à Johannesburg
Une claque. C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai visité Soweto. J’ai réalisé que je ne savais (quasiment) rien sur l’Apartheid. Et il a fallu que je voyage en Afrique du sud pour en savoir un peu plus.
Situé au sud-ouest de Johannesburg, Soweto est un acronyme qui signifie « South Western Townships ». Au fil du temps, Soweto s’est imposé comme le nom du plus célèbre des townships sud-africains, symbole de la lutte contre l’Apartheid.
Soweto est aujourd’hui une ville dynamique et un site touristique à part entière. Le tourisme a d’ailleurs fortement contribué à son développement. D’aucuns pensent qu’il ne faut pas visiter Soweto, que c’est du voyeurisme ou encore un attrape-touriste. Moi au contraire, je trouve que ce lieu est incontournable si vous vous rendez à Johannesburg. J’ai eu la chance de visiter Soweto en période Covid alors que les touristes avaient déserté l’Afrique du sud à cause du variant du même nom. Le quartier était vide et probablement plus « authentique » que d’habitude.
Cet article n’a absolument pas pour objet de vous faire un « cours » sur l’Apartheid. Simplement de faire le récit de ce que j’ai vu, entendu et ressenti lors de ma visite de Soweto en avril 2021.
Sommaire
ToggleLes origines de Soweto
Soweto fut créée pour loger les populations noires, essentiellement des mineurs et des ouvriers, loin des « zones blanches ». Le système ségrégationniste fit de Johannesburg une ville exclusivement réservée aux blancs. Ses habitants noirs (et métis) en furent progressivement chassés pour être relogés en périphérie.
Le gouvernement fit construire des petites maisons bien alignées les unes aux autres, toutes identiques, appelées « match box » (boîte d’allumettes en anglais). Pas d’électricité, pas d’installation sanitaire, pas de tout à l’égout. Face à la croissance démographique, ces maisons se révélèrent vite insuffisantes. Soweto se transforma rapidement en bidonvilles avec l’émergence d’habitations extrêmement précaires (sans eau ni électricité) en tôle : les « shalks ».
A Soweto aujourd’hui, on peut encore voir ces shalks à côté de maisons moins précaires, construites par l’état et données aux populations modestes (comme les match box) et même de quartiers plus huppés. Définitivement un lieu de contrastes qui abrite aujourd’hui entre 3 et 4 millions d’habitants.
Les émeutes de Soweto
En 1974, le régime de l’Apartheid décide d’imposer l’Afrikaans comme langue officielle d’enseignement de certaines disciplines dans les écoles. Les étudiants noirs se mobilisent contre cette mesure. Les contestations démarrent dans le quartier d’Orlando Ouest dans l’école de Phefeni en avril 1976. Puis, un comité d’action se constitue et décide d’organiser une grande manifestation le 16 juin 1976.
La première victime s‘appelle Hector Pieterson. Il a 13 ans. Un journaliste nommé Sam Nzima est chargé de couvrir l’événement. Il prend une photo qui fera le tour du monde : le jeune Hector agonisant dans les bras de l’un de ses camarades et sa sœur à côté hurlant de désespoir.
Au petit matin de ce jour funeste, 10 à 20000 étudiants se rassemblent et marchent pacifiquement en scandant des slogans contre l’Afrikaans. Ils veulent rejoindre le Orlando Stadium. Mais les policiers ont pour mission de rétablir l’ordre à tout prix et se mettent à tirer à balles réelles.
Les émeutes s’étendent dans plusieurs townships à travers le pays et se poursuivent jusqu’en août. Elles auraient fait 575 morts et des centaines de blessés.
Elles affaiblissent irréversiblement le régime sud-africain. Les derniers pays occidentaux à soutenir encore ce gouvernement finissent par le lâcher. C’est le début d’une longue campagne de boycott.
En Afrique du sud, le 16 juin est désormais un jour férié qui célèbre la jeunesse (Youth Day). La journée de l’enfant africain est aussi organisée en Afrique le 16 juin depuis 1991.
Que voir à Soweto ?
La première chose que vous apercevrez, en arrivant à Soweto, est l’immense façade blanche de l’hôpital Hani Baragwanath Chris. C’est le plus grand hôpital d’Afrique et le 3ème plus grand au monde avec près de 4000 lits. 6700 personnes travaillent sur cet espace de 70 km2.
Au même moment, vous apercevrez les Orlando Towers ainsi que ces centaines de maisons alignées qui forment les différents quartiers de Soweto.
Orlando towers
Impossible de les manquer. Elles sont immenses et colorées. De véritables œuvres de street art qui marquent l’entrée dans Soweto. Des scènes traditionnelles et des habitants du township sont dépeintes sur l’une d’entre elles, considérée comme la plus grande fresque murale en Afrique du sud.
Mais avant de devenir des icônes de Soweto, ces tours étaient les anciennes tours de refroidissement de la centrale électrique au charbon qui a cessé de fonctionner en 1998 après 50 ans de bons et loyaux services.
Depuis 2014, le site est désormais un lieu de divertissement avec notamment une activité de saut à l’élastique. Après avoir emprunté un ascenseur en plein air, vous arrivez en haut de l’une des tours, traversez un pont suspendu qui relie les 2 tours puis atteignez à une plateforme. De là, il ne reste plus qu’à sauter l’équivalent de 33 étages ! L’activité « Power Swing » offre une chute libre de 40 mètres avant que les câbles de la balançoire ne se tendent. L’activité « Abysse » propose la même chose mais à l’intérieur de la tour. Il existe aussi une plateforme d’observations pour les personnes qui ne sont pas en manque d’adrénaline.
Je n’ai rien testé de tout cela mais si j’y retourne un jour, je pense que je me contenterai de la plateforme d’observation !!! Et vous ?
Vilakazi street
Cette rue peut se vanter d’être la seule au monde où vécurent deux Prix Nobel de la Paix : l’archevêque Desmond Tutu, décédé récemment, et Nelson Mandela.
La maison de Desmond Tutu ne se visite pas (il ne l’habitait plus de son vivant). On peut juste l’entre-apercevoir derrière un haut mur d’enceinte. La maison de Nelson Mandela est en revanche devenue un musée, monument national depuis 1999. Elle est située au 8115 Vilakazi street, Orlando West.
Elle a été rénovée et aménagée avec des souvenirs de la vie de Mandela. Mais sa structure est conforme à l’originale : une petite maison de 3 pièces, une pièce à vivre et 2 chambres ainsi qu’une salle de douche sans douche et une cuisine avec juste un poêle. Un toit en zinc, pas d’électricité, un robinet à l’extérieur.
A noter que toutes les match boxes étaient conçues ainsi, quelle que soit le nombre de personnes vivant dedans.
Au sol, on peut voir les traces d’un mur qui avait été construit au milieu du salon pour contrer les attaques armées. Winnie et ses deux filles dormaient alors derrière ce mur, à même le sol et non plus dans leur chambre. Il y a aussi des impacts de balles sur les murs extérieurs.
Nelson Mandela vécut dans cette maison avec sa première femme Evelyn puis sa seconde Winnie de 1946 jusqu’à son arrestation en 1962. Il y revint à sa libération en 1990 mais n’y resta que 11 jours.
Plus d’informations sur le site de la Mandela House.
Évidemment, cette visite ne va pas sans celle du musée de l’Apartheid à Johannesburg. Si vous planifiez un voyage, pensez à vérifier les modalités d’ouverture sur leur site web.
Memorial et musée Hector Pieterson
A quelques centaines de mètres de la Mandela House se trouvent le Mémorial Hector Pieterson ainsi que le musée du même nom.
Ce site fut inauguré en 2002 en mémoire du jeune Hector assassiné par la police lors des manifestations du 16 juin 1976. La célèbre photo de Sam Nzima est exposée à côté d’un bassin à débordement qui représente les larmes versées par les proches des victimes et, plus loin, l’eau qui s’écoule symbolisant la vie qui continue.
« To honour the youth who gave their lives in the struggle for freedom and democracy”.
Juste derrière ce monument se dresse un enchevêtrement de murs en briques formant un couloir jusqu’au musée et représentant l’âge des 21 victimes du 16 juin.
Le Mémorial est vraiment très émouvant. Je n’ai pas eu la chance de visiter le musée (également fermé à cause du Covid) mais je suppose que voir et entendre tous ces témoignages doit être très bouleversant.
Chaque année, le 16 juin, une célébration est organisée sur cette place au cours de laquelle le nom des victimes est prononcée.
Et si vous avez plus de temps …
Si vous avez du temps, attardez-vous la journée entière pour déjeuner sur place dans un shebeen et prendre le temps de vous balader à pied pour débusquer des œuvres de street art.
Amateurs de bière, ne partez pas sans déguster la Soweto Gold, une bière blonde artisanale lancée par la seule micro-brasserie à gestion entièrement noire. Vous pouvez aussi visiter une brasserie locale comme la Soweto Brewing Company à Orlando West.
Et bien sûr, vous pouvez déjeuner dans un shebeen du quartier. A l’origine « shebeen » est un mot irlandais qui désignait un bar illicite où des boissons alcoolisées étaient vendues sans licence. Le mot s’est exporté en Afrique du sud, pour désigner les bars des townships. Désormais ces établissements sont évidemment légaux.
Autre visite : le musée en plein air de Kliptown sur la place Walter Sisulu. C’est à cet endroit que le Congrès du Peuple s’est réuni le 26 juin 1955 pour adopter la charte de la liberté, encore aujourd’hui au coeur du « Bill of Rights » et de la Constitution sud-africaine. Le musée raconte l’histoire de cette charte
Et vous, connaissez-vous Soweto ? Qu’en avez-vous pensé ?
L’Afrique du sud, c’est aussi le pays des safaris. Découvrez ici le récit de mon safari en famille dans le parc du Madikwe.
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Posted at 17:21h, 22 avril[…] Plus d’informations sur le site de la Mandela House et sur le quartier de Soweto dans mon article « Visiter Soweto à Johannesburg. » […]