16 Fév Que faire à Man, la ville aux 18 montagnes
Man est la grande ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Construite au fond une cuvette entourée d’une chaîne montagneuse, elle porte le doux surnom de « la ville aux 18 montagnes ». A ce titre, elle ne ressemble à aucune autre ville de la Côte d’Ivoire.
Mais Man pourrait aussi très bien s’appeler la capitale du Far West tant elle semble isolée du reste du pays. Il ne faut pas moins de 10h de route pour s’y rendre en voiture depuis Abidjan. Autant de raisons qui rendent un voyage à Man indispensable. Il séduira à la fois les amateurs de randonnées et les amoureux des cultures traditionnelles.
En route pour le Grand Ouest !
I. Visite de la ville de Man
Pour bien commencer notre séjour, notre guide nous fait une merveilleuse surprise. Il nous emmène contempler la ville depuis une colline située juste au dessus de la maison du Président. Ce superbe point de vue nous permet d’embrasser toute la ville, et au-delà, les montagnes qui la ceinturent.
Après ce premier stop, nous pouvons commencer notre découverte de Man.
Le grand marché de Man
Comme dans toutes les villes de Côte d’Ivoire, le marché est un passage obligé (ou pas) pour sentir le pouls de la ville, découvrir les spécialités locales : tissus indigo Malinkés, fripes venant de la Guinée toute proche, nourritures provenant des villages alentours (manioc, maïs, patate douce, riz, gombo, noix de cola,…), outils confectionnés par les forgerons. Mais aussi les traditionnels ustensiles de cuisine en fer, canaris en terre cuite, paniers, volailles, vêtements bon marché … Le marché aux plantes est particulièrement insolite. Celles-ci sont utilisées soit pour la cuisine soit pour la médecine. Vous y trouverez toute sorte de décoctions mystérieuses censées soignées paludisme, diarrhée, fièvre et à peu près toutes les maladies possibles et imaginables (ou pas).
Les artisans
Comme partout en Côte d’Ivoire, il est possible à Man d’aller rencontrer des artisans et de les regarder travailler. Les tisserands sont installés juste à côté de l’hôtel des cascades. Je ne me lasse pas de les observer manier leur métier à tisser à toute vitesse, et de voir ses longs fils s’étendre sur des dizaines de mètres au milieu de la forêts. C’est vraiment somptueux !
Des sculpteurs sont installés dans le quartier musulman de Dioulabouglou. Il y a 3 ateliers à Man dont le premier a été fondé en 1958. Ils travaillent un bois très rouge qui vient de l’aloa. Presque couleur de feu !
Les singes de la forêt sacrée de Gbepleu
Cette petite forêt sacrée, située en bordure de la ville, abrite une communauté de singes habitués à la présence humaine. Ils ne manqueront pas de pointer le bout de leur museau à votre arrivée. S’ils ne se montrent pas, il y aura toujours un villageois pour les appeler d’un petit sifflement. Des vendeurs de bananes seront présents aussi pour que vous puissiez les nourrir. Une attraction qui plait aux enfants …mais je me demande toujours si ces animaux ne souffrent pas de recevoir autant de nourriture de la main de l’homme.
La forêt étant sacrée, il est en interdit d’y pénétrer.
La cascade du mont Tonkpi
Cette cascade se situe à l’entrée de la route qui mène au sommet du mont Tonkpi (voir paragraphe suivant). Elle est une des principales curiosités de la ville, prisée tant par les touristes que les habitants. Sa piscine naturelle constitue un lieu idéal pour se rafraîchir pendant les grosses chaleurs. Alors qu’on accède au site par un escalier en pierre puis un pont de liane, on entend déjà le fracas de l’eau sur les rochers avant d’apercevoir la petite cascade d’Ypou. Elle est certes jolie, au milieu de son écrin de verdure, mais malheureusement trop fréquentée à mon goût …
En option : l’hôpital public de Man
Pour tout vous dire, je ne garde pas un très bon souvenir de la cascade de Man. Mon fils ayant décidé d’y jouer au cascadeur, il est tombé sur un rocher et s’est profondément ouvert le front. Nous avons fini aux urgences (?) de l’hôpital de Man, si on peut appeler ça un hôpital. Cette expérience traumatisante, qui s’est toutefois très bien terminée, nous a permis de voir l’envers du décor des cliniques privées que nous avons l’habitude (et la chance) de fréquenter à Abidjan. Et j’avoue, sans doute par naïveté et totale ignorance, être tombée de haut : pas d’eau, pas de toilettes, pas de médicaments… absolument rien. Des souris qui couraient dans la chambre de repos VIP, des fenêtre cassées laissant entrer les moustiques et j’en passe. Heureusement, nous avons pu trouver tout ce dont nous avions besoin (compresses, désinfectant, anesthésiant…) dans la principale pharmacie de la ville. Et le chirurgien qui a pris en charge mon fils était top. Mais sinon à éviter absolument.
II. Randonnées en altitude
Le mont Tonkpi
Plus haut sommet de la région qui culmine à 1215 mètres, le mont Tonkpi est parfaitement adapté aux balades avec enfants. En effet, une piste mène au sommet. Vous pouvez donc faire une (grosse) partie de l’ascension en véhicule puis vous garez afin de marcher le temps que vous souhaitez. En chemin, nous traversons 3 villages : Zadepleu, Dayne et Gouimpleu (devinez quoi … « pleu » signifie village !).
Au sommet du mont, vous trouverez une tour relais de la RTI. L’accès est officiellement interdit mais les gardiens sont plutôt ouverts. Vous pourrez emprunter l’escalier en colimaçon et grimper les 365 marches qui mènent à la terrasse. De là, la vue à 360 degrés est juste INCROYABLE !
En redescendant, n’oubliez pas de faire un crochet par l’ancienne maison Pierre Mesmer, gouverneur de la Côte d’Ivoire de 1954 à 1956, puis ministre du Général de Gaulle et Premier Ministre de Pompidou. Cette maison, très bien conservée mais fermée au public (je ne sais plus à qui elle appartient maintenant), est située légèrement en contrebas de la tour. Elle jouit également d’une vue absolument dingue sur toute la vallée.
La dent de Man
Cette petite montagne, symbole de la ville de Man, culmine à 881 mètres. Son ascension est accessible à tous mais son sommet abrupte rend les derniers mètres plutôt vertigineux … Je vous confirmerai tout cela fin mars après ma seconde virée – randonnée à Man ! Quoi qu’il en soit, si vous prévoyez de vous attaquer à la Dent, prévoyez de bonnes chaussures et beaucoup d’eau.
Pour les plus aventuriers : le mont Nimba
Le mont Nimba est en fait une chaîne montagneuse frontalière entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Libéria. Son plus haut sommet est le mont Richard-Mollard qui s’élève à 1753 mètres, soit le point culminant du pays. Pas très haut, direz-vous ? Pourtant son ascension n’est pas donnée à tout le monde … Non pas à cause de l’altitude mais parce qu’elle nécessite une longe marche à travers la jungle. Il faut aussi obtenir une autorisation préalable pour pouvoir se lancer.
L’ascension prend 4 jours : 3 jours de montée depuis le village de Yealeu et 1 jour de descente, avec un guide et des gardes de l’OIPR (armés).
Honnêtement je n’ai jamais gravi ce sommet et ne prévois pas de le faire, je vous donne juste un peu d’inspiration ! Pour en savoir plus, contactez l’OIPR qui gère le parc. Et vérifiez aussi les conditions de sécurité.
III. Découverte du pays Dan (au nord de Man)
Séjourner à Man, c’est l’occasion de découvrir l’ethnie Dan, ses traditions et ses danses du masque qui font partie des plus emblématiques de Côte d’Ivoire.
Notre guide nous emmène donc au nord de Man, en direction de Touba, visiter un village Dan. Toutes les images d’Epinal de l’Afrique y sont réunies : les pistes en latérite, la terre rouge et poussiéreuse, la végétation luxuriante, la forêt sacrée, les cases traditionnelles, les femmes qui font sécher les cultures (essentiellement du riz et du gombo) ou préparent les repas, les enfants qui rient et nous suivent partout, les notables qui nous accueillent, l’hospitalité, la beauté des pagnes et des danses …
Le village de Bouni
Nous arrivons de bon matin après environ 1h30 (et un stop sur le pont qui traverse la rivière Bafing) de route pour découvrir le village. Nous sommes accueillis dans une case ouverte par la chefferie. Notre guide nous sert de traducteur. Après cela, nous faisons le tour du village, découvrons les habitats traditionnels, les cultures, la forêt qui est sacrée (réservée aux hommes et à l’initiation).
Nous quittons le village pour la pause déjeuner à Touba. Cela laisse le temps aux villageois de se préparer le spectacle de l’après-midi. Je trépigne d’impatience.
Nous sommes quelques privilégiés, ma famille ainsi qu’un autre groupe de 3 touristes, à être invités à assister à la représentation. Tout le village est impliqué dans la cérémonie. Les femmes nous accueillent de leur chant, vêtues d’une tenue blanche et d’un pagne Indigo. La musique bat son plein.
Nous nous installons « aux premières loges » à la gauche des notables, pour assister à 4 danses différentes :
- Saaman, la danse du meilleur jeune initié de sa génération
- Lêdieh, la danse de la plus belle jeune fille non mariée du village
- la danse du masque qui, traditionnellement, sort à la fin des récoltes (fin mars environ) pendant 5 jours pour la fête des réjouissances
- et, enfin le clou du spectacle, le Guégblin ou danse de l’échassier, masque stabilisateur de la société et symbole de paix. Ses prouesses sont impressionnantes !
Cette journée passée à Bouni et ce spectacle de danse resteront, sans aucun doute, un de mes plus beaux souvenir en Côte d’Ivoire.
Yo, le village des forgerons
A quelques kilomètres de Bouni se trouve un village où l’on peut observer le travail de la forge. A l’arrivée, des des dizaines d’enfants nous attendent et nous conduisent à l’atelier. Pendant plus de 30 minutes, nous admirons les forgerons alors que tout le reste du village nous scrute, en particulier mes deux petits blondinets. Mes fils sont littéralement fascinés par la flamme qui vacille, la force des hommes qui fait plier le fer et soudain ce morceau de métal qui prend forme.
Découvrir des artisans et de leur savoir-faire reste pour moi une des grandes joies de chaque voyage à travers la Côte d’Ivoire. Une fois encore, cette expérience le prouve et me conforte dans l’idée que pour se développer sur le plan touristique, la Côte d’Ivoire a tout intérêt à aider les villages à promouvoir et valoriser leurs savoirs-faire et traditions, qui sont vraiment uniques.
Sillakoro, le village des poissons-chats sacrés (ou silures)
Dans le même coin, entre le village de Bouni et celui des forgerons, se trouve un village qui abrite des poissons-chats sacrées. Rien de bien extraordinaire mais quitte à être là, faites-y un stop.
Si vous voulez voir de près ce gros poisson gourmand qui ressemble à une créature préhistorique, vous pouvez aussi vous rendre au parc national du Banco !
Les célèbres ponts de liane de Danaé
La grosse curiosité de la région de Man : les ponts de lianes sacrés construits en une nuit. Attention interdiction de garder vos chaussures pour les traverser !
En pratique, ces ponts s’abiment vite et sont refaits chaque année donc demandez à votre guide s’il est possible de les voir avant de vous rendre à Danané pour rien (1h30 de route) !
INFORMATIONS PRATIQUES
Un séjour à Man de 3 jours sur place est idéal.
Si vous avez un jour de plus, pourquoi ne pas aller encore plus vers le Nord visiter un village Yacouba et assister à un spectacle des danseuses de Tématé ?
Où dormir ?
Hôtel des Cascades : un hôtel sans charme mais qui a le mérite d’être planté sur une colline et de jouir d’une belle vue sur la ville. Chambre double familiale communicante. Piscine (pas toujours très propre), restaurant avec une carte un peu fournie. Attention : le prix de la chambre n’inclut qu’un seul petit déjeuner (ou l’art de ne rien y comprendre au service client …), les autres sont en extra (5000F/personne). Plus d’informations ici.
Hôtel Beau Séjour : hôtel modeste mais charmant constitué de petits bungalows en forme de case ronde. Plus d’informations ici.
Hôtel Amointrin : encore une autre option moins cher que les Cascades, situé un peu en retrait de la ville (qui n’est pas très grande). Belle vue sur les montagnes.
Où manger ?
En dehors des restaurants d »hôtel, vous pouvez vous régaler à l’Espace Palm Beach chez Ariane (en face de l’hôtel Beau Séjour, au bord d’un lac sous le mont Gla). Appelez-la d’avance au pour passer commande sur-mesure et découvrir la cuisine ivoirienne.
Comment s’y rendre
Man est situé à 550 km l’ouest d’Abidjan. Par la route, en passant par Yamoussoukro et Daloa, cela prend 10h. Par les airs, 1h avec Air Côte d’Ivoire.
Cet article vous a plus ? La Côte d’Ivoire vous intrigue ? Vous aimeriez voyager dans ce pays mais ne savez pas trop par où commencer, que voir, que faire ?
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saintemarie
Posted at 15:29h, 01 marsBonjour Isabelle,
Nous envisageons de faire une grosse escale à Man, est-il possible d’avoir le numéro d’un guide qui a pu vous aider à découvrir tout cela?
Merci par avance.
Blandine
Isabelle
Posted at 08:36h, 03 marsBonjour Blandine, vous pouvez contacter Bamba de ma part +225 0708382838
Bon séjour à Man !
Carole
Posted at 09:18h, 20 juinBonjour Isabelle.
Merci pour cet article bien détaillé. Je serai en Côte d’Ivoire début août et j’ai lu qu’il était déconseillé d’aller dans la région de Man pendant la saison des pluies, les pistes devenant impraticables. Quel serait ton conseil?
Merci d’avance,
Carole
Gil
Posted at 14:10h, 14 décembreOn attend l’article sur le deuxième voyage à Man ! 🙂
Isabelle
Posted at 11:46h, 29 marsPas de 2e article mais j’ai mis à jour le premier!
Ci-après également un article que j’ai écrit pour un autre site qui parle de randonnées dans l’ouest de la Côte d’Ivoire : https://leblogcdiscountvoyages.com/randonnee-cote-divoire/
Isabelle
Posted at 08:39h, 13 févrierCarole, je me rends compte que j’ai oublié de répondre à votre message. J’imagine que j’arrive bien bien après la bataille mais en effet il vaut mieux éviter d’aller à Man pendant la saison des pluies. Comme partout en Côte d’Ivoire, ce n’est pas la meilleure période pour voyager en Côte d’Ivoire.
Ruthia Portelinha
Posted at 14:13h, 06 juinJe compte faire un road trip en Côte d’Ivoire, après la saison des pluies, et je ne savais pas où m’arrêter sur le chemin entre Korogho et Man.
Pensez-vous qu’il soit possible de visiter le village de Bouni sans guide (puisque nous n’avons pas encore arrivé à Man) ? Est-ce que quelqu’un dans le village parle français ? De plus, je ne trouve pas l’emplacement du village sur Google Maps.
Merci
Isabelle
Posted at 15:40h, 06 juinBonjour, je ne peux pas vous répondre car je suis allée à Bouni avec un guide. D’ailleurs, je recommande à mes clients de faire appel à un guide local pour visiter les villages surtout si vous souhaitez assister à des danses traditionnelles. Si toutefois vous visitez seule le village, pensez bien à vous présenter au le chef pour le saluer et lui demander l’autorisation de visiter le village. Des personnes parlent français. Bon voyage en Côte d’Ivoire.