23 Nov Le musée des civilisations de Côte d’Ivoire
Le musée des civilisations expose une collection d’objets ethnographiques, archéologiques et iconographiques tels que des statues, des masques, des bijoux, des instruments de musique, des photographies, des poteries, des textiles, … représentatives des 4 principaux groupes ethniques de Côte d’Ivoire.
C’est bien LE musée d’Abidjan. Pas le seul car j’ai découvert récemment qu’il y en avait un à Cocody (dont je vous parlerai une autre fois) mais le plus important et le plus riche. De nombreux experts le considèrent même comme l’un des plus importants musées d’art africain actuels ! Sa collection s’élève à environ 15 000 pièces.
Depuis 1,5 an, le musée renait enfin de ses cendres après une longue période de travaux. Sa fréquentation progresse mais il mérite mieux eu égard à la beauté des œuvres exposées. A travers cet article, j’espère donc vous convaincre d’y aller !! Il possède des œuvres remarquables, témoins du patrimoine matériel et immatériel du pays, et permet d’apprendre pleins de chose sur la Côte d’Ivoire. En plus, vous ferez une bonne action en soutenant ce lieu unique qui contribue à promouvoir la magnifique culture ivoirienne.
Renaissance
Le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire (MCCI) a pour vocation de présenter la Côte d’Ivoire dans sa diversité et son unité culturelle. Il a aussi un rôle éducatif vis à vis des jeunes générations qui, pour comprendre leur présent, ont besoin de s’imprégner du passé de leur civilisation.
A l’origine, ce musée était un centre artisanal créé par l’administration coloniale en 1942. Il s’est progressivement transformé en centre culturel, d’abord en tant que succursale de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN, basé à Dakar) puis en tant que Centre des sciences humaines En 1972, il devient devenu le Musée national d’Abidjan et a été rebaptisé en 1994.
Trésor national, il a été pillé et sévèrement abîmé lors de la crise post-électoral en 2011. L’équivalent de plus de 6 millions d’euros de pièces aurait été dérobé. Ses portes sont restées alors fermées pendant plusieurs années.
Une première phase de réouverture a donné lieu à quelques manifestations culturelles à partir de 2013. Mais c’est véritablement depuis juillet 2017, en marge des huitièmes Jeux de la francophonie qui se déroulaient à Abidjan, que le musée est de nouveau ouvert au grand public. 20 mois de travaux auront été nécessaires pour le réhabiliter et le mettre aux normes internationales.
La première exposition, toujours visible, s’intitule « Renaissance ». Elle présente une sélection de 300 pièces maîtresses qui retracent 10 000 ans d’histoire de la Côte d’Ivoire, du Paléolithique au 21e siècle.
6 espaces d’exposition
Le musée s’articule autour de 6 espaces thématiques : archéologique, Akan, Krou, Gur, Mandé et contemporain. A visiter de préférence dans cet ordre même si votre guide vous propose de démarrer par l’espace contemporain.
Espace archéologique
Quelques vestiges archéologiques mais surtout un majestueux crâne d’un éléphant de 70 ans qui aurait été abattu en 1947 à Bouaflé, près de Yamoussoukro. Dans la vitrine attenante, des objets en ivoire d’un autre temps : peigne, statues, porte-couteau, défenses sculptées à l’effigie de divinités-animaux, etc.
Espace Akan
Le groupe Akan représente le tiers de la population ivoirienne. Il se répartit en 3 grands groupes : les Akans frontaliers qui vivent à l’est du pays jusqu’à la frontière du Ghana ( N’Zima de Bassam, Essouma, Abron, Agni, Duablin,…), les Baoulés au centre et les Akans lagunaires qui se répartissent d’Abidjan à Grand-Lahou (Abouré, Ebrié, Ehotilés,…).
Dans cette section, vous découvrirez notamment l’histoire de la reine ashanti Abla Pokou, fondatrice du royaume des Baoulés, qui sacrifia son fils pour sauver son peuple. Les métiers à tisser du pagne Kita, les sièges traditionnels Bia et Kétéklé, les poids Baoulés et diverses monnaies utilisées dans le passé (notamment des coquillages cauris), des statues de maternité, des attributs de pouvoir royaux ou encore un collier en dents de panthère.
Espace Krou
Le territoire des Krou est le sud-ouest ivoirien et une bonne moitié du Liberia. Leur art est dominé par la pratiques des masques, notamment chez les Wè (Wobé et Guéré), célèbres pour leur plastique cubiste qui aurait inspirée Picasso. La musique est aussi un trait culturel de ces peuples.
Admirez notamment la statue Bagnon et la statue Bâchanon qui incarnent respectivement le bel homme et la belle femme chez le peuple Bété. Un somptueux tambour Baclima de plus de 300 ans. Les vêtements traditionnels en raphia tissé et le masque de guerre Téhégla du peuple Guéré.
Espace Gur
Le groupe Gur, ou Voltaïque, occupe le nord de la Côte d’Ivoire mais aussi presque tout le Burkina Faso, le nord du Ghana, du Togo et du Bénin ainsi qu’une partie du Mali. Les Sénoufos constituent la population la plus importante des Gur.
Chez les Sénoufos, l’activité artistique s’exerce autour du Poro et du roi. Le Poro est une société secrète initiatrice dans laquelle les jeunes garçons passent 21 ans (3 fois 7 ans) avant d’être initiés pour devenir des hommes. Une fois initiés, ils peuvent porter le masque Wao, entrer dans la vie active, choisir un métier. Une très belle chaise Sénoufo illustre aussi l’importance de la femme qui est le socle de cette société (les 2 pieds avant de la chaise). Et le calao, symbole absolu de ce peuple, qui incarne le savoir, la discrétion, la fertilité, l’ancrage dans la terre et le respect de la tradition. Une section passionnante à parcourir avec votre guide pour mieux comprendre le fonctionnement de la société Sénoufo. Idéal avant d’entreprendre un voyage à Korogho!
Espace Mandé
Les Mandés vivent dans le nord de la Côte d’Ivoire. Ils sont également présents au Sénégal, Mali, Guinée, Liberia et Sierra Leone. Les ethnies Yacouba et Gouro fournissent l’essentiel des objets d’art de ce groupe. L’art Mandé se compose d’une diversité d’objets et de créations : masques et statuettes, tissage, travail du métal, poterie, vannerie …
Les Gouro sont considérés comme les maîtres sculpteurs de la Côte d’Ivoire. Ils fabriquent les plus beaux masques. Parmi ceux-ci, les masques Zaouli qui vante la beauté de la plus belle femme (mais sont portés par les hommes) ; sa danse et sa musique étant inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. A voir également les masques Zamblé, les masques Gyé des Yaouré et les masques Sévi des Gouro. Enfin un exemple des célèbres pagnes Kamandjé fabriqués dans le village de Sinfra.
Pavillon contemporain
Cet espace, plus modeste en quantité, est très intéressant car il met à l’honneur 2 artistes ivoiriens de renommée internationale. Jems Robert Koko Bi est célèbre pour ses sculptures monumentales – certaines étant exposées à la Fondation Donwahi à Abidjan – réalisées à la tronçonneuse et au chalumeau. Une vidéo de 15 minutes raconte la manière dont il travaille, en pleine nature. Le musée présente son projet « Guilty ».
Le second artiste, Christian Lattier, est surnommé le « sculpteur aux mains nues ». Il réalise des sculptures à partir d’armatures en fer et de ficelles. A voir également, l’original du bureau de Félix Houphouët-Boigny où il a signé la 3e Constitution ivoirienne.
Pour conclure, avec son joli jardin parsemé d’oeuvres contemporaines colorées et planté d’arbres centenaires, ses bâtiments coloniaux et son inestimable collection, le musée des civilisations de Côte d’Ivoire est clairement un incontournable à ne pas manquer à Abidjan.
Vous cherchez d’autres idées d’activités ou de sorties à Abidjan ? Découvrez mon Top 10 !
Si vous avez aimé cet article, n’oubliez pas de l’épingler sur Pinterest !
INFORMATIONS PRATIQUES
- Le musée est situé dans le quartier du Plateau, 32 boulevard Carde, face à la Cité Administrative.
- Il est ouvert du mardi au dimanche de 9h à 18h30. Mais il est toujours préférable d’appeler avant pour vérifier que le musée est bien ouvert.
- Les tarifs sont de 500F CFA pour les nationaux, 1000F CFA pour les Africains et 2000F CFA pour les non Africains. Comptez 5000 F CFA pour un guide.
- Le musée est petit. Prévoir 1h pour la visite. Un peu plus si votre guide prend le temps de rentrer dans les détails.
- Les photos sont interdites à l’intérieur sauf dans l’espace central.
- Pour en savoir plus, un très beau livre sur les « Arts premiers de Côte d’Ivoire » d’Apollinaire OCRISSE aux éditions de l’Harmattan est en vente à l’accueil du musée (30000F CFA).
No Comments