01 Juil A la rencontre des orangs-outans de Bornéo
Si l’orang-outan était autrefois présent sur tout le continent asiatique , il ne vit plus aujourd’hui à l’état sauvage que sur les îles de Bornéo (Indonésie/Malaisie) et de Sumatra (Indonésie).
Lors de notre voyage en famille en Malaisie, à l’été 2023, l’île de Bornéo était donc un passage obligé pour nous. Afin d’avoir la chance de voir évoluer des orangs-outans en liberté dans la jungle (en malais ou indénosien, « oran hutan » signifie en effet « personne de la forêt ou des bois »).
Résultat : mission accomplie. Je dirais même plus : rêve accompli !
Après avoir passé une dizaine de jours sur la péninsule malaisienne, nous avons pris l’avion à Penang pour rejoindre l’île de Bornéo sur laquelle nous avons aussi passé 10 jours. Nous avons voyagé à travers le Sarawak (état du sud) et le Sabah (province du nord). Il est possible d’observer des orangs-outans dans les deux provinces mais le nord du Sabah, au bord de la rivière Kinabatangan, est le meilleur endroit pour les voir en liberté.
Sommaire
ToggleL’orang-outan, l’homme rouge de la forêt
Ce grand singe est le plus grand mammifère arboricole du monde. Il a en effet élu domicile à la cime des arbres et parcourt inlassablement la canopée à la recherche de fruits, de feuilles et d’insectes.
Les orangs-outans possèdent une fourrure rougeâtre hirsute (d’où leur surnom) et des mains et pieds capables de préhension. Leurs bras puissants sont plus longs que leurs jambes et peuvent atteindre 2 mètres.
Ils vivent dans les forêts primaires et secondaires. Ils aiment particulièrement les forêts de vallées fluviales ou les plaines inondées.
Comme les autres grands singes, les orangs-outans sont remarquablement intelligents. Ils utilisent, comme les chimpanzés, des outils pour s’alimenter.
Avec un nombre d’individus ayant drastiquement diminué au siècle dernier et une pression humaine en constante augmentation, ils pourraient être amenés à disparaître en milieu naturel dans les prochaines décennies. On compte aujourd’hui environ 15 000 orangs-outans à Sumatra et 100 000 à Bornéo.
Une espèce en « danger critique d’extinction
En 2018, une étude publiée par le journal scientifique Current Biology révèle qu’entre 1999 et 2015, plus de 100 000 orangs-outans ont été tués à Bornéo. Premières victimes de la déforestation, l’étude montre que le grand singe est également en danger même lorsque son habitat premier est intact.
La perte d’habitat
Les îles de Sumatra et de Bornéo dont toutes les deux soumises à un déboisement toujours plus effréné du fait de l’industrie du bois mais également des planteurs de palmiers à huile et de diverses exploitations agricoles.
La chasse
La taille et la lenteur des orangs-outans en font des cibles faciles pour les chasseurs qui les abattent pour leur viande ou en représailles lorsqu’ils s’introduisent dans des exploitations agricoles.
Les femelles sont plus souvent chassées. Lorsqu’elles sont capturées avec leur progéniture, le petit est récupéré et gardé comme animal de compagnie. Ce qui est illégal. En captivité, la durée de vie d’un orang-outan est extrêmement faible.
Chez les orangs-outans, la reproduction, a lieu pour la première fois entre 10 et 15 ans. Les femelles donnent naissance à un petit tous les cinq ans. Cette maturité sexuelle tardive, les longues périodes entre deux naissances rendent leur taux de natalité très bas. Ce qui explique aussi leur vulnérabilité à une mortalité excessive.
Le changement climatique
Enfin, le changement climatique, exerçant une pression sur les forêts, met aussi en péril la survie des orangs-outans. Des précipitations plus importantes influencent le rythme de croissance et des plantes dont ils se nourrissent. La quantité de nourriture disponible diminuent, affectant les capacités de reproduction des femelles. Le dérèglement climatique peut également provoquer des sécheresses plus intenses et augmenter le risque de feux de forêts. En 1997, les feux de forêts dramatiques qui ont ravagé Kalimantan (Bornéo indonésienne) auraient causé la mort de 1 000 orangs-outans.
Source : www.wwf.fr/especes-prioritaires/orang-outan
Le grand singe le plus difficile à observer
Contrairement aux gorilles et aux chimpanzés, les orangs-outans sont des animaux solitaires et non territoriaux. Ils passent la majorité de leur vie à se déplacer d’arbre en arbre en quête de nourriture. Et quand ils sont en mouvement, ils distancent très vite les humains à pied.
Plusieurs fois dans la journée, les orangs-outans construisent un nid pour se cacher et se reposer. Étonnant pour un singe n’est-ce pas ? On a du mal à imaginer ce gros primate tranquillement installé au creux d’un nid de paille dans la canopée.
Dès lors que le primate est dans son nid douillet, tôt le matin ou en soirée, ou en train de déguster des fruits dans un arbre, les chances de l’observer sont plus élevées. Encore faut-il être au bon endroit au bon moment !!!
Où voir des orangs-outans en liberté sur l’île de Bornéo en Malaisie ?
3 possibilités s’offrent à vous pour voir des orangs-outans à Bornéo côté malaisien.
Se rendre dans un centre de réhabilitation
Les centres de réhabilitation, installés à l’orée des forêts, accueillent de jeunes orangs-outans blessés ou abandonnés, victimes de la déforestation ou du braconnage. Ils ont pour vocation de les soigner et de leur (ré)apprendre la vie sauvage (se nourrir, construire un nid, fuir les prédateurs, …) pour leur permettre ensuite d’être réintroduit dans la jungle.
Dans ces centres, les orangs-outans ne sont pas enfermés dans des enclos (il ne s’agit pas de zoos). Ils évoluent dans un espace restreint certes mais très vaste. Deux fois jour, à une heure précise, les soigneurs apportent des fruits sur une plate-forme. Les singes qui n’arrivent pas encore à se nourrir seuls s’y rendent pour manger. C’est à ce moment-là qu’on peut les observer longuement. Dès que le repas est terminé, les orangs-outans retournent au cœur de la forêt tropicale, et bye-bye, vous ne les revoyez plus de sitôt.
Dans la province du Sarawak
Il y a 2 centres près de Kuching :
- la réserve naturelle de Semenggoh, la plus connue du Sarawak. Les horaires de nourrissage sont 9h/10h et 15h/16h.
- le centre de la vie sauvage de Matang (Matang Wildlife Center) dans le parc national de Kubah.
Dans la province du Sabah
Le centre de réhabilitation des orangs-outans de Sepilok à Sandakan est le plus grand refuge pour orang-outan du monde. Les sessions de nourrissage se déroulent à 10h et 15h. En plus de la plateforme, il y une nursery qui accueille environ 25 orphelins et qu’on peut voir à toute heure de la journée.
Naviguer le long de la rivière Kinabatangan
Sur l’île de Bornéo malaisienne, le parc de Kinabatangan est le meilleur endroit pour voir des orangs-outans en liberté (mais aussi des nasiques, des éléphants pygmées, des crocodiles, des calaos… et j’en passe). Il se trouve au nord de l’île dans l’état du Sabah.
Un safari dans ce parc consiste à arpenter la rivière et ses affluents, à bord d’une petite embarcation, très tôt le matin et en fin de journée pour observer la faune qui évolue sur les rivages.
Pour ma tribu et moi, ce safari a été synonyme de « jackpot » puisque nous avons eu la chance d’observer « les Big 5 de Bornéo » : le crocodile, le singe nasique, le calao rhinocéros, l’éléphant pygmée et, la star des stars, l’orang-outan.
« Notre rencontre avec une femelle et son petit. Nous finissions notre dernière croisière du séjour. Nous avions vu, la veille, un éléphant et plusieurs calaos rhinocéros. Nous étions déjà comblés. Nous rentrions tranquillement au lodge quand soudain, notre guide a bifurqué et s’est dirigé vers un arbre touffu, gorgé de petits fruits orange. Des branches remuaient. Et là, nous avons aperçu des poils rouges au milieu des feuilles. Il s’agissait d’une femelle et de son petit en train de prendre leur petit déjeuner. L’émotion était à son comble car nous ne pensions vraiment pas en voir. Nous sommes restés patiemment sous l’arbre, en silence, à les regarder se déplacer, les écouter manger, dans l’espoir de les voir surgir de l’arbre. Jusqu’à ce que la tête de la maman finisse par dépasser pour picorer les fruits situés à l’extérieur de l’arbre. C’était fugace, quelques minutes à peine, mais très émouvant. »
Pour faire un safari le long de la rivière de Kinabantagan, il faut se rendre dans la ville de Sandakan, où se trouve le centre de réhabilitation de Sepilok. Les lodges proposent des transferts en bateau ou en voiture depuis la ville jusqu’à la rivière (2h de route environ, route en piteux état). Il y en a pour tous les budgets, du plus chic au plus « roots », à la journée ou sur plusieurs jours.
Faire un trek au coeur de la jungle
La 3ème option pour voir des orangs-outans en liberté est probablement le format le plus aventureux puisqu’il nécessite de marcher dans la jungle et de dormir dans des campements. Mais toujours sans garantie aucune d’apercevoir de grands singes, c’est le principe du safari.
Autour de la rivière Kinabatangan, certains lodges ou campements organisent des randonnées de quelques heures, en plus des croisières en bateau.
A l’est de la province du Sabah, se trouvent 2 réserves riches en faune qui proposent des safaris à pied. Les chances d’apercevoir un orangs-outans sont assez minces.
- La vallée isolée de Danum est la plus grande forêt tropicale protégée de Sabah. Elle s’étend sur 438 km2 et abrite toute la biodiversité de Bornéo. Célèbre pour ses oiseaux, vous pourrez y admirer, au fil de vos randonnées dans la canopée, le faisan argus, le faisan noble de Bornéo, la brève à tête bleue, la barite chauve et plusieurs espèces de calaos.
- La réserve naturelle de Tabin occupe 120 km2 dont 90 km2 de forêt primaire jamais touchée par l’homme. Elle est également habitée par 300 espèces d’oiseaux.
Où voir des orang-outans en Indonésie ?
Sur l’île de Bornéo : dans la province de Kalimantan du Sud
Le tout premier centre de réintroduction des orangs-outans se trouve dans le parc national de Tanjung Puting (devenu réserve de biosphère reconnue par l’Unesco depuis 1977).
Ce centre est particulièrement important car il a été fondé en 1971 par les docteurs le Dr Biruté Mary Galdikas et Rod Brindamour. Le camp Leakey porte le nom de leur formateur, le paléontologue Louis Leakey.
Le recherches du Dr Galdikas (l’équivalent de Diane Fossey pour les gorilles et Jane Goodall pour les chimpanzés, un trio incroyable de femmes primatologues) ont permis de comprendre le comportement des orangs-outans et ainsi mieux les protéger.
Aujourd’hui, la réserve du Tanjung Puting compte environ 6 000 orangs-outans. Elle abrite aussi environ 4 000 grands singes et plus de 220 espèces d’oiseaux. Les revenus dégagés du tourisme participent grandement aux avancées des recherches et à la préservation du parc.
Il y 2 manières d’aller à la rencontre des orangs-outans dans ce parc :
- Prendre part à une croisière organisée depuis Kumai jusqu’au camp Leakey sur 3-4 jours ; chaque arrêt est une occasion d’explorer la jungle et de tenter de repérer quelques orangs-outans et autres espèces sauvages.
- Participer à un trek pour rejoindre les points de vue de Batas Waktu et Pondok Tanguil.
Sur l’île de Sumatra : le parc de Gunung Leuser
Inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, le parc de Gunung Leuser couvre plus de 1 095 000 ha au nord de Sumatra et possède une des biodiversité les plus diverses au monde. Il est l’habitat principal d’espèces protégées et en voie de disparition comme le tigre, le rhinocéros, le slow loris, l’éléphant et bien sûr l’orang-outan de Sumatra. 5000 à 6000 individus y vivraient.
Le point de départ des treks se situe dans le village de Bukit Lawang, à 4 heures de route de Medan. Certains se déroulent sur quelques heures ou une journée entière. Idéal si vous êtes avec de jeunes enfants ou si vous avez peu de temps.
Pour une immersion complète dans la jungle, vous pouvez aussi pour un trek de 2, 3, 4 voire 5 jours. Il faut alors être prêts à marcher de longues heures dans la chaleur tropicale et camper au cœur de la jungle. Expérience mémorable garantie !
A Bornéo comme à Sumatra, que vous alliez dans un centre de réhabilitation, que vous fassiez une croisière ou un trek, vous vivrez une expérience inoubliable tant il est rare et précieux d’observer un orang-outan à l’état sauvage. De plus, son statut d’espèce en danger critique d’extinction rend cette observation encore plus émouvante.
Sachez par ailleurs que toutes ces activités touristiques permettent de financer les efforts de conservation des orangs-outans en Malaisie et en Indonésie.
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Vous aimeriez vous aussi partir à la rencontre de ces grands singes, en Malaisie ou en Indonésie, mais ne savez pas trop comment faire pour organiser votre voyage ou n’avez pas le temps de vous en occuper ?
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Posted at 19:11h, 03 juillet[…] Plus d’informations dans l’article consacré au grand primate de Bornéo. […]