12 Mar Le musée Léopold Sédar Senghor de Dakar
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Lors de mon séjour à Dakar, je me suis rendue au musée Léopold Sédar Senghor avec mes 2 enfants. Cette visite m’a profondément touchée. Quand on pénètre à l’intérieur, on a le sentiment d’être propulsé 40 ans en arrière, lorsque Leopold et Colette Senghor vivaient dans cette résidence avec leur fils Philippe. Pendant 2 heures, en compagnie de l’inénarrable Barthélémy, on chemine dans les pas du couple présidentiel et on revit leur quotidien. Une visite incontournable à Dakar !
Je vous livre ici le récit de cette rencontre fascinante avec le « poète-président ». Avec l’espoir de vous donner envie d’aller découvrir ce musée exceptionnel, malheureusement si peu fréquenté par les Dakarois (je viens de découvrir qu’on appellait cela « le syndrome du résident »).
Sommaire
ToggleLe musée Senghor est ouvert au public depuis 2014
Ce musée est l’ancienne demeure du premier Président du Sénégal indépendant qui y vécut de 1980 jusqu’à 1992 (date à laquelle sa santé l’empêcha de prendre l’avion et où il s’installa en Normandie jusqu’à son décès en 2001). La maison resta fermée et abandonnée pendant des années. Puis l’état Sénégalais se décida à l’acheter en 2010 et à la réhabiliter. Elle fut inaugurée le 30 novembre 2014 par Macky Sall lors du XVe sommet de la Francophonie.
Une architecture de style soudano-sahélien
A la fin de sa vie politique, Léopold Sédar Senghor souhaita se faire construire une demeure à Dakar pour y passer sa retraite avec sa femme Colette.
Il acquit un terrain de près de 8000 m2 à Fann Résidence, sur la corniche ouest de Dakar. Puis il fit appel à l’architecte français Fernand Bonamy pour dessiner une bâtisse s’inspirant des constructions millénaires de Tombouctou ou de Djenné au Mali.
Il mis en oeuvre le principe du parallélisme asymétrique (!), concept poétique développé par Senghor qui consiste à répéter dans l’irrégularité (typique des rythmes et arts africains).
« Pour matérialiser le concept de parallélisme asymétrique, l’architecte a su jouer sur les volumes, les angles irréguliers et les différences de niveaux qui séparent chaque espace. Les pièces d’habitations ayant des formes parallèles et rectilignes, ces dernières s’ouvrent à travers de grandes baies vitrées sur de larges terrasses asymétriques qui leur permettent de recevoir l’ombre et une bonne ventilation tout en ayant de grande hauteur sous plafond dans toute la maison ». (source : article paru sur un blog « Le Pavé » d’une association d’étudiants en architecture, avec des plans de la maison)
La maison fut construite entre 1975 et 1978. Sa surface est de 800 mètres carré.
Le résultat est tout à fait surprenant et réussi. D’aucuns parleraient même d’un ovni architectural tant le style de cette vaste maison ocre est unique et contraste avec les villas cossues et ambassades du quartier alentour.
Senghor appelait affectueusement sa maison « Les dents de la mer » (film de Steven Spielberg sorti en 1975) car les façades constituées de grands panneaux verticaux en forme de triangles isocèles font penser à d’immenses dents de requin.
Un guide témoin du passé
Dès l’arrivée au musée Senghor, le ton est donné. Cela sera celui de la douceur et de l’émotion.
Nous sommes en effet accueillis par Barthélémy Sarr, gendarme à la retraite depuis 2005, affecté au à la garde présidentielle de Senghor dès 1973. Il a accompagné l’ancien Président dans 16 pays et gardait précieusement les clés de la maison lorsque Senghor partait en France.
Barthélémy n’est donc pas un simple guide. C’est un témoin. Et c’est en grande partie grâce à lui, ses anecdotes et ses souvenirs, que la visite du musée est si bouleversante ! Il raconte avec délicatesse la vie et les habitudes des occupants de la maison, tout en nous racontant sa propre vie.
Dans l’intimité de la famille Senghor
Le seuil franchit, nous entrons de plain-pied dans le quotidien de Senghor. Nous visitons une à une les pièces de cette villa décorée avec goût et sobriété par le français Jean-Pierre Brossard.
Dès l’entrée, on est submergé par les souvenirs qui enivrent la maison : des cadeaux offerts par des hôtes de marque et chefs d’état du monde entier, des livres à foison, des œuvres d’art africaine … Une multitude d’objets qui rappellent, si besoin était, que Senghor était un homme de lettres et de culture (il était poète et écrivain, et fut élu à l’Académie Française en juin 1983).
On découvre tout d’abord le grand bureau dans lequel Senghor recevait ses invités l’après-midi. Dans cette pièce, tout est resté intact tel que Senghor l’avait laissé avant de partir : on y trouve notamment « Voyage inachevé : autobiographie » de Yehudi Menuhin et quelques pièces. Si vous pouvez, prenez le temps de regarder les livres de sa bibliothèque (poèmes, classiques grecs et latins, littérature européen, américaine et africaine, dictionnaires, Bible, Coran…). Ils en disent long sur l’ouverture d’esprit et l’éclectisme du personnage.
Puis on continue avec les salles lumineuses bordées de grandes baies vitrées qui donnent sur un petit bassin. D’abord le petit salon d’attente puis le salon rose, puis le salon blanc et enfin la salle de réception ornée d’une tapisserie de la Manufacture des arts décoratifs de Thiès. Elle servait aussi à accueillir les dîners de sa Fondation.
Le voyage se poursuit ensuite dans les pièces privées. Un salon vert émeraude éclatant – couleur préférée de Colette qui lui rappelait sa Normandie natale – dans lequel le couple se retrouvait pour prendre leurs repas et le thé. De là, on aperçoit le jardin et la piscine dans laquelle Senghor allait nager chaque jour avant le déjeuner. Il y a 2 chambres d’amis au rez-de-chaussée : la chambre aux glycines, dans laquelle se trouve le berceau de Philippe, et la chambre à rayures.
Et le fantôme de Philippe hante le musée Senghor …
Direction l’étage en empruntant un escalier en colimaçon pour découvrir le bureau privé dans lequel Senghor travaillait au calme le matin : c’est la seule pièce où l’on trouve aussi des photos de ses 2 fils aînés, Francis et Guy, nés de son premier mariage avec Ginette Eboué (fille de Félix Éboué, gouverneur de l’Afrique Occidentale Française). Puis viennent les chambres : celle du président, de son épouse, de Mamie et de Philippe, intacte aussi, l’enfant chéri mort brutalement d’un accident de voiture à l’âge de 23 ans en 1981.
Au détour de chaque recoin, le portrait de Philippe est exposé partout dans la maison comme un fantôme qui continue d’habiter les lieux bien après le départ de ses parents. Il était d’une grande beauté je trouve. Et très apprécié des Sénégalais.
La visite de sa chambre est particulièrement émouvante. Elle est tellement « dans son jus des années 70 », douce avec ses tapisseries bleues marines en velours. La chambre d’un jeune homme joyeux, qui aimait la musique (un 33 tours de Marie Laforêt avec les titres « Viens viens » et « L’amour comme à 16 ans » est posé contre un tourne-disque) et la vie.
La maison n’a pas changé depuis le départ de Senghor. Tout est resté en place au millimètre près en hommage à son propriétaire. Les livres, les objets fétiches, le cadeaux reçus, les peintures, le linge de maison dans les placards, les photos de famille …
La visite est tellement envoutante qu’on s’attend presque à ce que Léopold Sédar Senghor fasse son apparition et vienne nous saluer. Évidemment ça ne s’est pas passé ainsi. Néanmoins cette découverte reste un de mes plus beaux souvenirs Dakarois et a fait naître en moi un lien particulier avec cette ville.
Je tiens à remercier M. Barthélémy Sarr pour m’avoir permis de vivre cette belle expérience grâce à lui.
Si ce récit vous a touché et si cette maison vous intrigue, sachez qu’il existe un ouvrage qui lui est consacré : « La maison Senghor » de l’architecte Xavier Ricou avec de magnifiques photos de Gogo Sy, paru aux éditions Riveneuve (je l’ai trouvé à la Fanc Cap Sud à Abidjan!).
Informations pratiques :
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- Le musée est ouvert du lundi au samedi. Matin de 10h à 12h, après-midi de 15h 17h.
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- Tarifs : 2000 FCFA/adulte et 500 FCFA/enfant (-10 ans).
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- Adresse : 6 rue Leo Frobenius, à l’angle de la Corniche ouest de Dakar
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- Tél : +221 70 964 87 52 / +221 33 823 57 11
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- Page Facebook : Musée Senghor.
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