30 Jan Sur la route des esclaves du Ghana de Cape Coast à Elmina
La route des Esclaves du Ghana est constituée des vestiges de 20 châteaux forts construits, à partir du XVe siècle, par les puissances coloniales européennes (Portugal, Suède, Pays-Bas, Danemark, Allemagne, Grande-Bretagne). Ces forts parsèment le littoral ghanéen, autrefois appelé la Côte d’Or, de Keta à l’est jusqu’à Beyin à l’ouest.
Ils sont uniques en Afrique par leur nombre et leur importance. Ceux de Cape Coast et d’Elmina, dans la région centrale, sont les mieux conservés. Ils sont classés sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
NB : vous allez sans doute trouver que toutes mes photos sont brumeuses. Je vous présente donc l’harmattan : un vent venant du Sahara chargé de sable qui sévit sur le Golfe de Guinée en décembre/janvier. Pile au moment où nous avons voyagé au Ghana. Pendant toute la durée de notre séjour, il faisait chaud mais le ciel était couvert d’un voile de poussière qui parfois chatouille le nez et la gorge et gâche un peu les photos 🙁
Après vous avoir guidé sur la Route des Esclaves de Ouidah au Bénin puis à travers les ruelles de l’île de Gorée au Sénégal, je vous emmène découvrir un autre lieu de mémoire, témoin de l’histoire du commerce triangulaire et de la traite négrière en Afrique de l’ouest : les forts du Ghana.
Sommaire
ToggleCape Coast, ancienne capitale du Ghana
L’histoire de Cape Coast
La ville de Cape Coast est située en pays Fanti, à 150 kilomètres à l’ouest d’Accra et 80 kilomètres à l’est de Takoradi. Elle fut fondée au XVe siècle lors des premières expéditions maritimes portugaises.
Au XVIIe siècle, elle passe successivement des mains des Suédois, qui y installent un comptoir appelé le fort Carolusburg, puis des Danois et enfin des Britanniques qui l’agrandissent et la rebaptisent Cape Coast.
Le fort devient la principale base militaire britannique du Golfe de Guinée avant de servir le commerce (bois et or notamment) et plus particulièrement le commerce triangulaire.
Au XIIIe siècle, il est connu à travers le monde pour être l’un des plus importants ports négriers d’Afrique.
Carte décrivant le fonctionnement du commerce triangulaire, exposée au musée de l’esclavage.
Le fort (ou château) de Cape Coast
Pour moi, cette visite fut particulièrement émouvante : elle fut ma première « rencontre » avec l’histoire de l’esclavage.
In everlasting memory of the anguish of our ancestors. May those who died rest in peace.May those who return find their roots. May humanity never again perpetrate such injustice against humanity. We, the living, vow to uphold this.
Transformé en château par les Anglais en 1665, le fort servait à la fois de siège au gouvernement britannique et d’ »entrepôts » à esclaves. Le mot « entrepôt » souligne que ces homes, femmes et enfants étaient vraiment traités comme de la marchandise.
Les nantis coloniaux étaient logés dans les étages élevés. Le gouverneur disposait d’un appartement somptueux avec vue mer. Les militaires se trouvaient au rez-de-chaussée. Et dans les caves, les esclaves étaient entassés dans des conditions abominables.
Lorsque les navires négriers arrivaient, les esclaves empruntaient, enchaînés les uns aux autres, la porte de Non-Retour pour sortir du fort et se diriger vers la mer pour embarquer.
Le château abrite désormais le musée de l’esclavage. Barack Obama et sa femme Michelle l’ont visité en juillet 2009. Une plaque commémorative a été érigée en mémoire de cette visite présidentielle.
Lors de notre visite, nous avons eu la chance d’admirer le travail du sculpteur Ghanéen Kwame Akoto-Bamfo dans son exposition « In Memoriam: portraits of the Middle Passage » : une série de 1300 têtes sculptées, toutes différentes, installées à même le sol dans les anciens donjons du château. Ces portraits en béton sont un hommage vibrant aux millions d’esclaves déportés depuis la Côte d’Or qui grâce, à l’artiste, ont enfin un visage.
Informations pratiques
- Le fort est ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 16h30.
- L’entrée coûte 7$, ou son équivalent en Cédis, pour les adultes et 2$ pour les enfants. La visite guidée se fait exclusivement en anglais.
- Plus d’informations ici.
Le port de pêche et l’architecture coloniale de Cape Coast
Depuis le château, vous pouvez déjà apercevoir le port de pêche de Cape Coast.
Une fois votre visite du château terminée, prenez le temps de vous rendre sur le port pour admirer ces centaines de pirogues colorées qui s’agglutinent sur la plage, les pêcheurs alignés en file indienne qui déploient leur force pour sortir les filets de l’eau, des femmes qui vendent du poisson au bord de la route …
Des scènes de vie typiques des régions littorales d’Afrique de l’ouest
L’architecture coloniale (un peu abîmée) de la cité mérite aussi qu’on s’y attarde et qu’on prenne le temps de se balader dans les ruelles de la ville.
Elmina, la plus ancienne construction européenne des tropiques
La ville d’Elmina se situe à 12 km à l’ouest de Cape Coast. Elle tient son nom des Portugais (El Mina signifiant la mine en portugais). Ils y construisirent un fort et acheminèrent beaucoup d’or. Ce fort est le plus vieux du continent africain. Il est même la plus ancienne construction européenne des tropiques.
Le fort Saint-Georges de la Mine d’Elmina
Ce fort a été érigé par le Portugal en 1482 sous le nom de São Jorge da Mina. Il est le premier comptoir commercial construit sur le Golfe de Guinée et la plus ancienne construction européenne qui existe encore aujourd’hui en Afrique subsaharienne. Il est le mieux préservé de tous les forts de la côte ghanéenne.
D’abord établi comme un comptoir commercial, le fort devient rapidement la tête de pont portugaise de toute l’Afrique de l’ouest et ce pendant près de 150 ans. Les Hollandais s’en emparent en 1637 et, pour mieux la protéger, font construire un second fort : le fort Saint-Jacques ou Saint-Jago. En 1872, les Anglais prennent possession de la cité.
Du XVIe au XIXe siècle, Elmina fut un des principaux centres de traite négrière en Afrique. Comme à Cape Coast, les puissances étrangères occupaient les étages élevées du bâtiment.
Alors qu’en permanence, environ un millier d’esclaves étaient emprisonnés et enchaînés dans les pièces sombres du fort dans l’attente de leur voyage vers les Amériques.
Le fort Saint-Jacques d’Elmina
Le second fort d’Elmina se situe sur les hauteurs de la ville. Sa visite se mérite. Il faut grimper un sentier bien pentu pour accéder à l’entrée.
Depuis ses tours, on jouit d’une belle vue sur la ville, le port et la baie.
Le port de pêche d’Elmina
Le port est tout aussi vibrant que celui de Cape Coast ! Il est éblouissant de couleurs et de vie.
Depuis les forts, entre les fortifications, on peut observer les pêcheurs qui s’activent sur la plage à entretenir leurs embarcations, réparer leurs filets ou encore vendre leur prise du jour.
Les sanctuaires Asafo ou « posoban »
Ces sanctuaires colorés sont une particularité de l’ethnie Fante. Il en existe plusieurs dans la ville, notamment près du pont qui mène au château, et se révèlent alors qu’on ne s’y attend pas. Les compagnies Asafo sont des groupes de guerriers qui remplissent aussi une fonction auprès de la communauté. Chaque sanctuaire est dédié à l’un d’entre eux.
Informations pratiques
- Les forts sont ouverts 7 jours sur 7 de 9h à 16h30.
- L’entrée coûte 10$, ou l’équivalent en Cédis, pour les adultes et 2$ pour les enfants (pour chaque fort).
- La visite guidée du fort Saint-Georges dure 1h (dernière entrée à 15h30). Celle du fort Saint-Jacques est plus rapide.
Les autres forts de la région de Cape Coast
D’autres forts sont dispersés sur la côte dans les villes de Winneba (fort de Bonne-Espérance), Kormantse (fort Amsterdam), Anomabu (fort William) ou encore Komenda (Fort English). Ces forts sont bien moins bien conservés que ceux de Cape Coast et Elmina mais valent le détour si vous empruntez la route côtière.
Sur le chemin du retour vers Accra, nous avons fait un stop au fort William.
Il tient bien debout mais est très délabré et est habité par des familles du village.
Le fort William se trouve en bord de mer, juste à côté du port de pêche.
Pour avoir plus d’informations sur les tous les forts et musées du Ghana, vous pouvez vous rendre sur le site des musées du Ghana.
Enfin, un séjour dans la région de Cape Coast ne serait pas complet sans une incursion dans le parc national de Kakum à l’assaut de ses impressionnants ponts de singe à 30 mètres de hauteur. Je vous raconte tout sur le site touristique le plus populaire du Ghana : Balade haut perchée dans le parc national de Kakum.
Informations pratiques
- Cape Coast se trouve à 150 km à l’ouest d’Accra et 390 km à l’est d’Abidjan.
- Depuis la Côte d’Ivoire, vous pouvez vous y rendre par la route. Le voyage prend environ 6h mais c’est sans compter le passage de la douane qui est très très long (prévoir 2 à 3 heures d’attente). C’est donc un sacré périple.
- Depuis Accra, il est possible de se rendre à Cape Coast en voiture (3 heures de route), en bus et même en taxi-brousse.
Retrouvez d’autres idées d’excursions, d’activités, de sites à découvrir au Ghana ici.
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