16 Oct A la conquête du permis de conduire ivoirien !
Quand vous êtes résident étranger en Côte d’Ivoire, vous devez détenir un permis de conduire ivoirien pour avoir le droit de conduire. Après avoir obtenu ma carte de résident, non sans mal d’ailleurs, je me suis donc attaquée à ce 2ème monument de la formalité administrative.
A Abidjan, il y a presque autant de stratégie pour obtenir ce permis que d’expat. Chacun a un « plan » ou un « contact » pour contourner la procédure officielle. Pour ma part, faute de super combine, j’ai scrupuleusement suivi la démarche décrite par l’Ambassade de France.
Voici le récit de mon aventure dans les dédales de l’administration ivoirienne …
Étape 1 : faire authentifier le permis de conduire français
J’ai rempli la demande de Relevé d’Information Restreint (RIR), téléchargeable sur le site de l’Ambassade de France. Je l’ai envoyée à la préfecture de Marseille, mon précédent lieu de résidence, accompagnée de la copie de ma pièce d’identité, la copie recto-verso de mon permis et une preuve de résidence en Côte d’Ivoire. J’ai reçu le RIR quelques semaines après à mon domicile (via le consulat). Mon mari, qui a fait la demande en même temps que moi il y a 6 mois, n’a toujours rien reçu.
Coût : gratuit.
Étape 2 : obtenir une autorisation d’échange de permis
Une belle occasion de découvrir de près l’architecture de la Cité Administrative du Plateau donc je vous parle ici. La procédure disait de me présenter à la Direction Générale des Transports Terrestres et de la Circulation (DGTTC) à la Tour C, étage 3, bureau 25. C’est précis.
Une fois au 3e étage, le bureau 25 étant fermé, c’est le bureau 27 qui a traité ma demandé. Un monsieur sympathique et souriant m’a reçue et m’a délivré, en l’espace de 15 minutes à peine, l’autorisation signée et tamponnée.
Je suis ressortie de la cité fière comme Artaban !
Coût : gratuit.
Étape 3 : réaliser le contrôle ophtalmique
C’est là que les choses ont commencé à se corser …
Je devais me rendre dans un Centre de Gestion Intégré (CGI). Le CGI est le lieu incontournable en Côte d’Ivoire dès lors qu’il est question de voiture (achat, vente, permis…).
Ma première rencontre avec un CGI ivoirien s’était déroulée de la meilleur des façons lors de l’achat de mon véhicule. Le vendeur, bien rodé à tout cet imbroglio administratif, avait géré de main de maître le deal en choisissant d’aller au CGI VIP de Vallon II plateaux. En 1h30, tout était réglé.
Mais cette fois, je m’attaquais à un tout autre adversaire en me rendant au CGI « de base » situé sur le boulevard Valery Giscard d’Estaing (appelé ici le VGE), près d’IVOSEP.
En plus de passer le contrôle ophtalmique, je devais convaincre les autorités que ma carte de groupe sanguin, établie en France il y a 30 ans, était bien valide. Faute de quoi, il fallait aussi que je fasse une prise de sang pour déterminer mon groupe sanguin (inscrit sur le permis ivoirien), ce qui est largement déconseillé eu égard aux règles d’hygiène en vigueur dans le pseudo laboratoire du CGI.
Me voilà donc fraîchement arrivée au centre, croyant fermement à la réussite de mon entreprise. Je fus de suite chaleureusement accueilli par un « guide » portant une chemise en pagne aux couleurs de l’entreprise et dont la fonction consistait à orienter les usagers dans cet antre de la bureaucratie française … euh ivoirienne … enfin, peu ou prou, c’est la même chose.
Il m’indiquait que je devais d’abord m’inscrire au guichet d’accueil pour obtenir un ticket puis me rendre au second guichet pour créer ma demande puis payer puis aller faire mon examen médical puis revenir au guichet puis repayer puis attendre. En gros, c’était le programme.
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Obtenir un ticket
Première étape réussie haut la main en 2 min chrono. J’obtiens le numéro T081
En arrivant dans le centre principal, je découvre qu’on en est au T04. Mais c’était sans compter le zèle des fonctionnaires ivoiriens pour faire passer certaines personnes en premier…
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Faire enregistrer sa demande
Je me présente donc immédiatement au guichet #7, accueillie par la patronne des agents.
Premier revers : avant d’être enregistrée, je dois « faire viser » mon permis français par le Ministère des Transports… Ministère où je me suis donc rendue quelques jours plus tôt pour faire authentifier mon permis de conduire français (cf. étape 2).
Très vite, sans même avoir le temps de défaillir, je découvre derrière moi LE bureau du Ministère. En son sein, un charmant monsieur qui vise toute la journée … Ni une ni deux, il signe la copie de mon permis de conduire français
Le précieux document en poche, je retourne sagement m’asseoir pour patienter comme tout le monde. Nous en étions à T042. Au bout de quelques minutes, juste le temps de commencer à écrire cet article, la même jeune femme m’appelle à nouveau pour traiter mon dossier. Après 4 tentatives pour me tirer le portrait les yeux ouverts et les oreilles bien visibles et un cliché de mon index droit, elle me délivre un papier qui me donne le droit de me rendre à la caisse et de payer la somme de 3600F. Petite mise en jambe avant la douloureuse !
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Réaliser un contrôle ophtalmique
Armée de mon reçu tamponné « payé », je me dirige vers le bureau bio-médical. En chemin, mon guide m’interpelle à nouveau et m’informe que je dois d’abord photocopier le reçu de paiement et mon permis de conduire français – car la copie visée par le Ministère, si difficilement obtenue, ne suffit pas.
Ah, le business de la photocopie. Quelque soit la formalité à accomplir ici, les photocopies que vous amènerez ne suffiront jamais. Heureusement, il y a toujours un « bureau des photocopies » à disposition pour pallier vos manquements. Pour la modique somme de 50F la page (7,5 centimes d’euros), mon dossier est complet … enfin presque car finalement, ce n’est pas la photocopie du permis qui est requise mais celle de l’autorisation du Ministère.
Retour au bureau des photocopies. Puis retour au bureau bio-médical.
J’ai enfin les bonnes copies. En revanche, ma vieille carte de groupe sanguin, datée de 1987, pose comme prévu problème… épineux problème même qui requiert une escalade auprès de la supérieure hiérarchique qui, d’un simple hochement de tête, valide finalement ma carte. Ouf, pas de prise de sang !
Je passe ensuite, haut-la-main, le test ophtalmique, puis obtiens un nouveau papier intitulé « Certificat d’aptitude visuelle, auditive, mentale et de coordination motrice ». Seule la vision a été testée mais vraisemblablement pour l’état ivoirien, je suis aussi apte sur le plan auditif, physique et mental. Bonne nouvelle !
Etape 4 : demander un permis de conduire ivoirien
De retour dans le hall principal, nous en sommes maintenant à T069. La même jeune femme me reçoit à nouveau pour l’étape finale. Je sens que j’approche du but … Mais coup de théâtre, elle refuse de me délivrer le document car je n’ai pas de certificat de mariage. Quoi ??!!!!?!?!
J’ai obtenu mon permis à l’âge de 19 ans, je n’étais pas mariée. Et sur mon passeport apparait mon nom de jeune fille et d’épouse. Je dois donc prouver que je suis bien mariée et que mon nom est correct … la moutarde me monte légèrement au nez mais rien n’y fait, je dois capituler. Je repars donc bredouille – et bien énervée.
Quelques jours plus tard, me voilà de retour dès 8h30 au CGI. Le centre est déjà bien rempli. Je retrouve mon guide qui me redemande à nouveau de faire la queue au premier guichet pour obtenir un ticket : j’obtiens le numéro T052. Nous en sommes au T035 quand je m’assois. C’est tout à fait correct. D’autant plus que les numéros défilent de 2 en 2 et que 10 minutes plus tard, nous en sommes déjà à T042.
Aujourd’hui, j’attends comme tout le monde. Et c’est aussi bien ainsi.
A 8h53, mon numéro s’affiche. Direction le guichet #7. Une stagiaire vérifie mon dossier. Il est complet, victoire !!!
Je gagne donc le droit d’aller payer les frais de 85 100 F. Evidemment c’est compliqué car je n’ai pas la monnaie… et la caissière non plus! On finit par trouver un terrain d’entente, je récupère mon reçu de paiement et n’ai plus qu’à attendre que mon permis soit prêt.
Coût : 88700 F CFA.
Étape 5 : récupérer le permis ivoirien
Il est 9h45. Au guichet, la dame me dit de revenir dans 3h soit à 11h … je fais remarquer que si je reviens à 11h, je n’aurais attendu qu’1h30. Qu’à cela tienne, la dame me suggère donc de revenir à 11h30.
En sortant, je tombe sur mon guide qui me dit de revenir dans 3h car lui sait comment on fait les permis et connaît la vraie procédure….
Sans trop y croire, je tente ma chance à 11h30. Cette fois-ci, rendez-vous dans le bâtiment du fond à gauche (là où se trouve aussi le bureau bio-médical).
La fonctionnaire, qui me reçoit, me rit au nez quand elle découvre que j’ai procédé au paiement à 9h41. « Mais Madame, ça prend au moins 3 heures ». En plus, j’ai des circonstances aggravantes. Je suis née dans une petite ville française, Senlis qui sans doute n’existe pas encore dans la base de données. « Ça prend du temps de créer une nouvelle ville » ajoute-t-elle.
Ok pas de souci, je reste zen et décide de revenir le lendemain.
Le lendemain, j’arrive à la fraîche dès 7h45. Je me présente directement au guichet de la délivrance. Sans avoir le temps de m’assoir pour patienter, une dame se saisit de mon reçu et cherche mon permis. Je feins de l’ignorer mais ne peux m’empêcher de dissimuler un soupire de soulagement lorsqu’elle trouve mon permis et le tend à son collègue.
Ultime formalité pour la route – remplir le registre à 4 mains avec mon numéro de passeport et mon numéro de téléphone – et l’affaire est dans le sac.
Je pense que cette aventure m’aura occupée 3 bonnes heures auxquelles s’ajoutent les trajets au Plateau et en zone 4 … donc au total, une petite journée. Mais au moins, je n’ai pas eu à repasser le code de la route ni la conduite. Et si j’avais su que l’acte de mariage était obligatoire, j’aurais gagné du temps.
Je recommande cette procédure qui n’est finalement pas si complexe si on a la chance d’avoir les bonnes informations !!
RECAPITULATIF DES PIECES A FOURNIR
- A la Préfecture en France : demande de RIR dûment remplie, copie de la pièce d’identité, copie recto-verso du permis de conduire français.
- A la DGTTC C : attestation d’authenticité (RIR), original et copie du permis de conduire français, original et copie de la pièce d’identité.
- Au Centre de Gestion Intégré : autorisation d’échange délivrée par la DGTTC, original et copie du permis de conduire français, original et copie de la pièce d’identité, carte de groupe sanguin ou copie des déterminations (2 prises de sang), certificat d’aptitude visuelle, acte de mariage pour les femmes dont le nom de jeune fille seul apparaît sur le permis.
J’espère donc que cet article vous aidera à y voir clair dans la procédure et à obtenir votre permis plus rapidement que moi. Dans tous les cas, BONNE CHANCE !
Léa
Posté à 10:55h, 02 juinBonjour, merci pour cet article. Gardent ils votre permis français?
Isabelle
Posté à 14:48h, 04 juinNon ils ne prennent pas votre permis.
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