
25 Jan Tiagba, le village lacustre de Côte d’Ivoire
Tiagba est situé à une petite centaine de kilomètres d’Abidjan, au bord de la lagune Ebrié. Construit sur une île de 150 ha, il est le seul village lacustre du pays. Bien sûr, rien à voir avec les grands villages lacustres du Bénin, dont le célèbre Ganvié, car la plupart des habitations y sont construites sur la terre ferme. Mais ce village reste une curiosité en Côte d’Ivoire. Notamment, pour ses maisons traditionnelles sur pilotis et son ambiance si particulière qui méritent vraiment le détour.

A la découverte de Tiagba
Très prisée pendant les années Houphouët, le village de Tiagba est aujourd’hui plutôt boudé par les touristes. L’auberge « Le pilotis de Tiagba », qui autrefois permettait de déjeuner et dormir sur place, est fermée depuis 2002.
Nous étions donc les seuls touristes à débarquer au village ce samedi très chaud de janvier.

Le village de Tiagba
Le village est peuplé d’environ 8000 habitants de l’ethnie Aïzi. La croissance démographique et les fréquentes inondations ont amené ces villageois à progressivement s’installer sur la terre ferme et a délaisser les maisons sur pilotis. La pirogue n’en reste pas moins le principal moyen de transport pour tous.
A Tiagba, on trouve 3 écoles primaires, 6 religions (catholiques, protestants, baptistes, témoins de Jéovah, musulmans et fidèles de Papa Nouveau qui coexistent harmonieusement) et plusieurs maquis. Il est électrifié depuis 1979.
Les villageois sont soit pêcheurs soit agriculteurs (notamment culture du manioc sur le continent). Une légende raconte qu’autrefois, à la naissance, chaque bébé était plongé dans l’eau de la lagune. S’il flottait, il devenait pêcheur. Et sinon agriculteur. La bonne nouvelle, c’est qu’après ce test, les bébés étaient, semble-t-il, très vite repêchés !

Les principaux poissons qu’on trouve dans la lagune sont des mulets, carpes, dorades royales, capitaines, machoirons, barracudas et crevettes.
Tour de l’île en pirogue
Première étape de notre visite : une échappée belle contemplative et totalement zen sur les flots. A Tiagba, il n’y a quasiment aucun bateau à moteur. Seul le bruit des rames qui brassent l’eau, des filets de pêche qui virevoltent et des enfants qui s’éclaboussent en riant résonnent (pour être tout à fait honnête, il y avait aussi la musique à fond dans l’un des maquis qui gâtait ce beau silence).

Notre pirogue cabote à quelques dizaines de mètres de la rive, les enfants nous interpellent et nous réclament « un petit cadeau », les adultes nous saluent et échangent quelques mots – en langue aïzi – avec notre guide. Les cochons et les canards, en quête de nourriture au bord de l’eau, eux nous ignorent totalement. La vie s’écoule tranquillement dans la chaleur torride d’un matin de janvier.



Nous apercevons au loin les fameuses maisons sur pilotis mais aussi de riches et grandes bâtisses colorées (construites par ceux qui ont fait fortune), la demeure du « marabout » ou encore des petites maisons plus modestes. De loin, le village a l’air tout à la fois vivant et paisible. La luminosité est sublime à cette saison et nous offre un panorama somptueux sur la lagune et le village. J’en prends pleins les yeux !
Petit stop au maquis
Le tour de l’île en pirogue dure une bonne heure. Notre guide ne ménage pas sa peine pour nous faire avancer à un bon rythme tout en nous parlant de son village. Un petit arrêt au maquis s’impose pour échapper quelques instants au soleil et permettre à notre guide de souffler un peu.
Le maquis ouvre ses portes pour nous. Il sert quelques sodas (Fanta, Youki, Coco, Orangina) et de la bière Bock. Pas possible de déjeuner. Heureusement, à défaut d’avoir pensé à la crème solaire, j’ai pensé au pique-nique. On reprend des forces tout en admirant les pirogues qui passent devant nous. Le maquis aussi est sur pilotis.

Balade à pied dans le village
Une fois le tour de l’île terminé démarre la balade à pied. Qui n’est pas bien longue vu la taille du village mais fait quand même râler mes fils, pas super fans de marche… Nous sommes autant des curiosités pour les villageois qu’ils le sont pour nous. Nous les observons vaquer à leurs occupations : préparer l’attiéké, nettoyer et faire fumer le poisson, puiser de l’eau au puit, jouer aux dames… Seuls quelques jeunes hommes se divertissent alors que les femmes s’affairent pour préparer à manger ou s’occuper des enfants. Autant de scènes de la vie quotidienne typiques de ces villages lagunaires ivoiriens.


Pouvoir montrer à mes enfants que l’eau ne coule pas systématiquement du robinet de la cuisine et que des enfants doivent souvent marcher pour aller chercher de l’eau au puit est vraiment important.


Bien que quelques déchets souillent le sol (malheureusement faute de collecte, les déchets sont enfouis, brûlés ou jetés ici et là), le village est bien entretenu. Et cette impression de tranquilité se confirme. C’est un beau moment que nous passons à arpenter les ruelles, admirer l’architecture des maisons, parler aux enfants qui nous suivent, saluer les villageois.



L’église Papa Nouveau
Cette religion fut fondée en 1937, dans la région de Grand-Lahou, par le prophète Papa Nouveau. Durant sa mission, le Prophète a enseigné l’art d’accéder à la longévité et au salut des âmes par la paix, la prière et le travail, sans distinction d’origine, de religion, d’âge et de sexe. Il a également œuvré pour le bien-être en bâtissant des œuvres sociales (écoles, maternité, centres culturels…) et spirituelles (sites sacrés). Son œuvre la plus importante est la cour sainte de Toukouzou Hozalem. Source : Wikipedia.
Les églises de cette religion sont reconnaissables entre mille. J’en avais déjà aperçu une aux abords de Grand-Lahou.


Les cases sur pilotis
Lors de notre « village-tour », nous sommes bien évidemment allés saluer l’adjoint au chef du village (le chef étant lui-même absent) qui nous a reçu dans la case protocolaire, une magnifique maison traditionnelle sur pilotis, pour déguster le Koutoukou.
Même plus peur maintenant, j’adore goûter l’alcool de palme qui nous est offert dans ces circonstances.
La case est très belle, tout en bambou de raphia, naturellement ventilée. Malheureusement, il ne reste que 23 cases sur pilotis à Tiagba. Le bois utilisé fait désormais défaut dans la région (à cause de la déforestation au profit des plantations d’hévéas). Et leur construction coûte cher : 600 000 FCFA (soit environ 900 euros).

Les autorités du village aimeraient toutefois en construire 6 afin de sauvegarder le patrimoine et valoriser la spécificité du lieu. Un dossier a été soumis au ministère du tourisme pour obtenir des financements. L’accord de principe a été donné mais les fonds n’ont jamais été versés, comme souvent ici en Côte d’Ivoire …
La stratégie de développement touristique consiste à créer des parcs d’attraction et des palaces plutôt qu’à rénover le patrimoine en péril. Ce qui me désole et m’interpelle (même si j’ai ma petite idée sur les raisons de ce choix…).
Allez à Tiagba de toute urgence !!
Bref, ne tardez plus pour visiter le beau village de Tiagba.
Pour y aller : Tiagba se trouve à 100 km environ d’Abidjan, entre Dabou et Grand-Lahou. Il y a 80 km de route (la Côtière est en bon état sur ce tronçon) et 20 km de pistes. Après Dabou, il faut passer le village de Tounah puis à Cosrou, prendre la piste à gauche (c’est indiqué). Lorsque vous croisez un village sur votre gauche, et apercevez l’église Papa Nouveau, continuez sur la droite (la piste remonte avant de redescendre vers la lagune). Idéalement, arrivez plutôt dans la matinée. Prévoyez un pique-nique car il n’y a pas de restaurant sur place, crème solaire et casquette parce que ça cogne fort. Et profitez bien !

A l’ouest d’Abidjan, vous pouvez aussi visiter Songon, Dabou, Jacqueville ou plus loin encore Grand-Lahou.
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Divya
Posted at 10:15h, 29 marsBonjour, Merci pour ce très bel article. Pouvez-vous nous partager les coordonées de Jérémy SVP?
Isabelle
Posted at 10:02h, 01 avrilEnvoyez-moi un email à levoyageducalao@gmail.com, je vous donnerai le contact !
Pauline
Posted at 15:32h, 25 aoûtOups! Mauvaise expérience pour nous malheureusement. Le village est à 3 heures de route d’Abidjan et pas facile à trouver (on a tourné un moment pour trouver le bon chemin). Une fois sur place le tarif proposé pour la balade en pirogue était cher et nous n’avions pas prévu assez… Nous avons donc rebroussé chemin. Mais nous avons tenté plein d’autre endroits de Côte d’Ivoire dont vous parlez dans votre blog et jamais aucun soucis pourtant! Merci à vous 🙂
Isabelle
Posted at 14:12h, 06 septembreQuel dommage 🙁 Quand j’y suis allée il y avait une pancarte et nous avions trouvé facilement. Quant au prix, Jérémy a peut être augmenté ses tarfis alors …
Boizo
Posted at 12:51h, 26 avrilBonjour chers parents de Tiagba, un produit d’appel touristique qui mérite une bonne réhabilition pour le bonheur des touristes et la joie de ses habitants lacustres.
EKON KONAN MARTIAL
Posted at 01:01h, 07 févrierJe suis un étudiant paysagiste ivoirien au Maroc . Je pense qu’il est temps de penser à faire une sensibilisation sur le domaine du métier du paysage qui n’existe que peu d’année. En côte d’ivoire j’étais à la recherche d’une école de paysage mais sans succès. Et voulant valoriser ce métier appelé communement jardinier après mon bts en ressources humaines et communication au groupe Castaing Abidjan plateau j’ai dû faire une reconversion par amour du métier. je profite de l’occasion pour lancer un appel au gouvernement de penser à la mise en place de ses écoles afin de former des spécialistes qui pourront apporter leur contribution .
Isabelle
Posted at 16:06h, 12 févrierJe ne sais pas si votre appel sera entendu via ce blog mais je vous souhaite bonne chance !
Toussant. k
Posted at 14:17h, 01 septembreLa Belle Côte d’Ivoire 🇨🇮 destination de rêve. Moi et ma petite famille ferions un tour un de ces quatre ☺️
Merci NCI🙏🏿
merci calao voyage 🙏🏿
Isabelle
Posted at 14:28h, 04 septembreJe confirme, vous devez absolument aller découvrir la Belle Côte d’Ivoire.
Yoboue Evariste
Posted at 17:46h, 26 octobreJ’aimerais connaître là-bas un jour
Isabelle
Posted at 09:52h, 06 novembreJe vous le souhaite, ce n’est pas loin d’Abidjan, c’est facile d’accès.