
22 Jan Bénin : 12 jours de road-trip en famille
De retour du Bénin, voici mon premier article-fleuve pour vous raconter les différents étapes de notre périple béninois en famille . J’ai vraiment eu un coup de cœur pour le Bénin, pays dont je ne cesse depuis de faire la promotion. Si vous vous demandez pourquoi, vous pouvez également lire mon article sur les 10 excellentes raisons de visiter le Bénin (qui est plus court !).
Le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest niché entre le Togo à l’ouest, le Burkina Faso et le Niger au nord et le Nigéria à l’est. Il est le berceau du vaudou, territoire de l’ancien royaume de Dahomey et terre d’accueil des derniers lions d’Afrique de l’Ouest. De Porto-Novo à l’est à Grand-Popo à l’ouest, de Ouidah au sud à la Pendjari au nord, nous avons quadrillé le pays pendant 12 jours et découvert une nature et une culture fascinante. En route pour 1500 km d’aventures.
J1 : Cotonou et la Route des Pêches
Arrivée à Cotonou, capitale économique du Bénin, en milieu d’après-midi. Nous faisons connaissance avec notre guide Sanny qui nous accueille à l’aéroport avec la voiture de location. En l’espace de 15 minutes, nous passons la sécurité, récupérons nos valises, et quittons l’aéroport. Waouhhhh, ça dépote et ça change d’Abidjan !!!
Nous nous installons dans notre petit hôtel dans le quartier de Fidjérossé, qui est proche de l’aéroport et des plages.
A peine le temps de poser les valises, nous partons découvrir la Route des Pêches. Nous faisons un stop au « Coco Beach » pour déguster notre première Béninoise, bière locale au goût mielleux. Le lieu est désert mais est paraît-il bondé durant le week-end lorsque les habitants de Cotonou envahissant les plages. Des plages immenses à perte de vue et des vagues tout aussi déchaînées qu’à Bassam ou Assinie, en Côte d’Ivoire. Nous sommes bien toujours sur le Golfe de Guinée !
Une fois le soleil couché, et les moustiques prêts à attaquer, nous quittons l’océan pour aller dîner au Lieu Unique, un restaurant trendy réputé pour sa cuisine et ses concerts live.
J2 : Cotonou – Ouidah, capitale du Vaudou (1h30 de route)
Nous partons dès le matin pour Ouidah. Il y a deux options pour s’y rendre : la route nationale, bien bitumée, et la Route des Pêches en sable. Nous empruntons la Route des Pêches qui est en soi un lieu à découvrir.Cette route longe l’océan Atlantique de Cotonou jusqu’à la frontière du Togo. Au sud, les déferlantes du Golfe de Guinée, de vastes étendues de sable fin jonchées de pirogues qu’on dirait laissées à l’abandon et des petits villages en enfilade qui grouillent de vie. A l’est, la lagune et sa végétation luxuriante, cocotiers, cactus et autres arbres tropicaux.
Sur les premiers kilomètres, en quittant Cotonou, les paillotes, fabriquées à partir de branches de palme, défilent. Des paillotes apparemment en sursis car le Président Patrice Talon compte les détruire pour les remplacer par de grands hôtels. Le Club Med va paraît-il bientôt s’y installer. En attendant, la route est encore vierge de toute construction verticale en béton. Donc c’est bel et bien encore la route des pêcheurs béninois qui, chaque jour, affrontent la barre avec leur pirogue ou s’épuisent à sortir leurs immenses filets de l’eau, joignant leurs forces, les uns derrière les autres, pour récupérer leur butin. Sur le bord de la route, les chèvres, poules et cochons déambulent en toute décontraction. Les enfants nous font des signes joyeux et les adultes nous regardent avec curiosité. La piste en terre est souvent cabossée mais parfaitement praticable avec des enfants.
Arrivés à Ouidah, nous enchaînons les visites tant il y a à voir : le Temple des Pythons, la basilique de l’Immaculée Conception, le musée d’art contemporain de la Fondation Zinsou (où nous déjeunons) et pour finir le Fort Portugais. Je vous raconte tout cela en détail dans mon article sur les 5 incontournables à visiter à Ouidah.
Les enfants ne sont pas mécontents de rejoindre l’hôtel, la Casa del Papa, situé un peu à l’extérieur de Ouidah en poursuivant vers l’ouest, et de faire une pause ! Détente et baignade closent notre journée.
J3 : Ouidah et la Route des Esclaves – Possotomé – Grand-Popo (2h de route)
Cette 2ème journée à Ouidah est consacrée à la visite de l’incroyable Route des Esclaves présentée en détail dans cet article.
Ensuite, nous prenons la route pour Possotomé, petite bourgade installée sur la rive nord-ouest du lac Ahémé, connue pour sa source d’eau naturelle. Une fontaine publique, ouverte à tous, coule en permanence. Il suffit de venir avec ses bouteilles et bidons pour faire le plein. Un peu plus loin, l’usine d’embouteillage produit l’eau minérale de Possotomé.
Le lac Ahémé est un site phare de la culture vaudou. Des manifestations y sont souvent organisées. Il est aussi possible d’y naviguer pour découvrir les petites plages et les villages de pêcheurs.
Pour notre part, pas de navigation ni de cérémonie vaudou mais un déjeuner au-dessus du lac dans les paillotes sur pilotis de Théo. Un endroit paisible pour déguster du poisson fraîchement péché, au son du clapotis des vagues, tout en profitant de la beauté du site.
Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers Grand-Popo (ce nom n’est-il pas extraordinaire ?). Installation à l’hôtel Awalé Plage, détente et baignade pendant l’après-midi.
En fin de journée, notre guide nous réserve une sortie surprise … nous nous rendons au Centre de Protection des Tortues Marines qui se trouve sur une bande terre entre lagune et mer, dans l’ancien quartier portugais de Grand-Popo (on peut s’y balader pour voir les vestiges coloniaux). Pendant la saison de la ponte, une équipe de bénévoles se relait 24h/24 pour surveiller la plage, protéger les œufs et les bébés. Lors de notre visite, tous les bébés étaient déjà nés – tortues luth, imbriquées, vertes et olivâtres – et évoluaient dans de grandes bassines en attendant d’être suffisamment robustes pour rejoindre l’océan. Les enfants ont adoré !
La visite est gratuite mais vous pouvez évidemment faire un don à l’association.
J4 : Grand-Popo et le fleuve Mono
Réveil matinal pour partir naviguer sur le fleuve Mono. Notre guide du jour s’appelle Herman. Il a 29 ans, est licencié en tourisme et très professionnel, en plus d’être sympathique et cool avec les enfants. Un guide formé, très prometteur tel qu’on en voit malheureusement assez peu en Côte d’Ivoire. La balade en pirogue dure 4 heures mais on ne voit pas le temps passé car elle est ponctuée de nombreuses escales :
- Un site de pêcheurs. 3 jeunes pêcheurs nous montrent leur prise (poissons chats, écrevisses, crabes de terre) et expliquent leurs techniques de pêches ; l’un d’eux grimpe en haut d’une cocotier de plusieurs mètres de haut en quelques secondes pour nous cueillir une coco. Les enfants sont scotchés.
- Le village vaudou de Hévé. Herman connaît bien les villageois, et pleins de choses sur leur village. On sent qu’il a préparé sa visite et qu’il ne débarque pas ainsi à l’improviste. Nous ne nous sentons donc pas du tout mal à l’aise même si nous sommes l’attraction du jour pour les enfants du village, en particulier nos deux petits « yovo » (blanc au Bénin) dont la peau blanche étonne. Nous arpentons les ruelles et découvrons au coin de chaque rue des temples vaudous et fétiches un peu inquiétants à nos yeux … Au bord du fleuve, nous apercevons une machine qui récupère du sable au fond de l’eau. Auparavant, les villageois récupéraient le sable directement sur la plage pour fabriquer leurs maisons, ce qui a accentué l’érosion. L’ensablement du fleuve est tel aujourd’hui qu’il ne fait plus que 0,75 mètre de profondeur contre 8 mètres il y a 20 ans. Les hippopotames et les lamantins, qui peuplaient le fleuve autrefois, ont tous disparu.
- L’île au sel. Dans ce village dédié à la fabrication du sel, les femmes marchent de 5 à 18 km par jour pour aller chercher du sable riche en sel, de l’autre côté du fleuve, dans les terres. Puis elles le font sécher sous des palmes, le mettent ensuite dans de gros paniers et versent dessus de l’eau saumâtre pour le nettoyer. L’eau, chargée de sel, s’évacue du panier par un robinet. Elle est enfin bouillie pendant 4 heures pour en isoler le sel. Ces mêmes femmes fabriquent également du caramel à partir de l’huile de coco. Miam!
La navigation se termine en apothéose à la Bouche du Roy, le point de jonction entre le fleuve Mono et l’océan Atlantique. Malheureusement, la plage qui borde cette embouchure est très polluée. Au milieu des déchets surgissent néanmoins quelques dollars des sables !! Moi qui croyais qu’on ne les trouvait qu’en Côte d’Ivoire !! Notre guide ne connaît pas ces coquillages, comme quoi ils ne doivent pas être très présents au Bénin et ont juste dû dériver depuis Assinie…
Nous déjeunons à l’Auberge de Grand-Popo, rendons visite à quelques artisans locaux puis terminons la journée tranquillement à la plage.
Une grande journée nous attend demain … En effet alors que nous rentrons à l’hôtel, nous apprenons que notre vol intérieur Cotonou / Natitingou (dans le nord) est annulé. L’appareil est défectueux et la pièce à réparer n’a pas été livrée à cause des grèves Air France en France …
Qu’à cela ne tienne, c’est finalement par la route que nous traverserons le Bénin. Et même si ma tribu râle à l’idée de passer tout ce temps en voiture, moi je suis aux anges. Je ne pensais pas dire cela un jour mais merci les grévistes !!
J5 : Grand-Popo – Natitingou (700km / 10 h de route) via Parakou
Départ à 7h du matin car la route va être longue …. Nous longeons des dizaines de villages, des zones agricoles, des allées de manguiers qui offrent une ombre si salvatrice aux heures les plus chaudes de la journée, des plantations d’ananas et de manioc, des champs de palmiers à huile, des étales en tout genre qui proposent des fruits, de l’huile de palme reconnaissable entre toutes à sa couleur rouge vif, du gari (farine de manioc qui entre dans la composition de nombreux plats d’Afrique de l‘Ouest) mais aussi des bouteilles d’essence frelatée importée directement du Nigeria …
A l’approche de Dassa, le relief est plus escarpé. On aperçoit au loin les « Mamelles de Savé », deux collines en forme de seins de jeune fille. La région de Dassa est célèbre pour ses 41 collines, massifs rocheux au relief accidenté, inhabituels dans cette contrée relativement plate
Nous faisons un stop pour prendre un petit déjeuner à l’Auberge de Dassa. Un endroit modeste mais à l’abri du tumulte de la ville où les quelques poules qui trottinent dans le jardin divertissent mes garçons pendant notre courte pause. Depuis cette auberge, il est possible d’organiser des balades dans les collines, dont certaines sont un sanctuaire vaudou, et trouver un guide qui vous aidera à ne pas profaner de lieu sacré.
En ce qui nous concerne, nous n’avons pas le temps de randonner dans les montagnes. Nous reprenons rapidement la route car il reste encore plus de 200 km jusqu’à Parakou L’objectif étant d’y arriver pour le déjeuner.
Nous avançons vers le nord. Les villages s’espacent, laissant la place à des forêts de tecks. Nous apercevons de nombreux enfants dans les rues. Apparemment, les enseignants sont en grève, ce qui malheureusement arrivent souvent en Afrique (en France aussi vous me direz mais en Afrique, les grèves durent plus longtemps car souvent les enseignants ne sont pas payés). Les maisons qui bordent la route sont faites en terre, leur toit en palme. Eglises et mosquées se côtoient et sont souvent les bâtiments les plus raffinées et colorés des villages.
Nous arrivons à Parakou à 14h passé. Il est trop tard pour faire une longue pause. Nous ne faisons donc que passer et continuons notre route vers notre destination finale, Natitingou (encore 210km), non sans admirer la statue d’Hubert Maga, aka Toutoukoumanga, originaire de Parakou, premier président du Bénin et père de l’indépendance en 1960.
Désormais, les maisons sont en terre rouge et sèche. Il n’a pas plu depuis des mois. Les manguiers se font plus rares. Des termitières trônent sur le bord de la route. Enfin, nous approchons du massif de l’Atakora, une chaîne de montagnes qui culmine à 800 mètres d’altitude et embrasse la ville de Natitingou.
Notre long transfert du sud au nord s’achève à 18h30. Bravo à super Sanny qui a roulé quasiment non stop pendant plus de 10 heures. Nous nous installons à l’Hôtel Tata Somba. Malheureusement la piscine est en panne ☹ LA douche fera l’affaire pour cette fois. Dîner et dodo. Demain est un autre jour !
J6 – Natitingou – Tata Somba – Chutes de Tanguiéta – Pendjari (4h de route)
Nous commençons la journée par la visite du musée régional de Natitingou. Ouvert en 1991, il est situé dans un bâtiment colonial où logeait le commandant du cercle de l’Atacora entre 1913 et 1960 et qui a ensuite abrité la préfecture de l’Atacora jusqu’en 1987.
Ce petit musée a vocation à faire connaître l’histoire et la culture de la région. Il expose environ 360 pièces de collection traitant de l’archéologie, de l’histoire et des arts à Natitingou. Les salles et les objets sont un peu poussiéreux. Le musée ne croule pas sous les visiteurs. Néanmoins la visite est intéressante car elle permet d’appréhender un peu la culture locale et les différents habitats de la région avant de les voir « en vrai ».
Un petit marché artisanal habite la cour du musée. Après un passage furtif parmi les boutiques, nous partons à la rencontre des fameuses Tata Sombas, ces fermes-forteresses à étage. Nous nous rendons précisément dans le village de Tagayé, chez Alphonse. L’entrée de sa maison est si petite qu’il faut nous baisser pour y entrer. Au seuil de l’entrée, on aperçoit quelques petites statues qui font office d’autel. Au rez-de-chaussée, on trouve une cuisine avec un feu pour sécher le bois des poutres et tuer les termites ainsi qu’un abri pour les animaux. Au niveau supérieur, les chambres et les greniers pour stocker les grains et la nourriture. L’étage permet de se protéger des fauves et en même temps de voir « l’ennemi » approcher (enfin jadis …). Chaque pièce est surmontée de tourelles coniques coiffées de paille et reliées par un mur. La terrasse est dallée. Elle dispose d’orifices pour l’aération et l’évacuation.
Ces habitations traditionnelles font partie du patrimoine culturel du Bénin (ainsi que du Togo) mais sont menacées de disparition. Construire une Tata Somba nécessite des moyens matériels et humains basés sur une forte solidarité intra-communautaire qui s’étiole un peu. De plus, les jeunes leur préfèrent souvent des constructions plus modernes. Des programmes de préservation ont été lancés. Des associations comme Eco Benin organisent des missions de valorisation de Tatas Sombas. Il est aussi possible de passer la nuit au sein de l’une de ces maisons typiques afin de soutenir les communautés et financer leur réhabilitation.
Cette visite incontournable terminée, nous prenons la route tant attendue : celle qui va nous mener à la réserve nationale de la Pendjari. L’excitation monte !! Il nous faut 1h30 pour relier Tanguiéta, préfecture de l’Atacora où nous faisons une halte ravitaillement (dernier endroit pour faire des courses avant le parc) puis empruntons une piste jusqu’aux magnifiques cascades de Tanougou.
J’ai oublié de mentionner qu’à ce stade du voyage, nous avons temporairement abandonné notre 4×4 climatisé pour une jeep de safari. Nous avons donc très très très chaud (autour de 40°). Un plongeon dans le petit lac, aux pieds des cascades, constitue donc un des temps forts de notre voyage !! Pour atteindre les cascades, il faut marcher sur un chemin escarpé et glissant mais de jeunes villageois sont là pour nous aider, porter nos sacs et même nos enfants. D’autres font le show en plongeant du haut de la falaise contre quelques pièces. A noter qu’il y a un petit restaurant à l’entrée des chutes qui sert des spaghetti mais pas de boissons fraîches car il n’y a pas d’électricité.
Nous ne nous attardons pas car si nous voulons faire notre premier game drive avant la tomber de la nuit, il faut partir. Encore 30 minutes environ pour atteindre l’entrée du parc et 1h pour atteindre la Mare Bali, notre premier rencontre avec la savane et la faune africaine.
J7 : Safari dans le Pendjari National Park
Je ne rentrerai pas ici dans le détail de notre safari puisque j’ai déjà raconté nos 2 jours de rêve dans la Pendjari. Je rappelle juste que pour profiter pleinement de notre premier safari, nous sommes restés 2 nuits sur place, ce qui nous a permis de faire 4 game drives. Notre guide Sanny était notre ranger car il dispose de l’accréditation pour circuler et guider des touristes dans la réserve. Sinon il est possible de louer un véhicule à la Pendjari Safari Lodge avec guide mais c’est plus onéreux. Mieux vaut trouver la voiture et le guide en dehors de la réserve.
Mise à jour du 13 mai 2019 : Suite au événements événements récents qui se sont déroulés dans le parc de la Pendjari, il est plus que jamais essentiel de consulter le site Conseils aux Voyageurs du Ministère des Affaires Etrangères français avant d’entreprendre toute visite de la Pendjari https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/benin
J8 – Pendjari – Natitingou – Dassa (10h de route)
Après un réveil très matinal et un dernier game drive, nous quittons à regret la Pendjari. Et nous nous apprêtons à nous enfiler une nouvelle grosse journée de voiture.
Nous faisons une longue étape à Natintingou, ville natale de Sanny, qui nous accueille avec la plus généreuse des hospitalités dans son Hôtel Le Bélier pour un déjeuner typiquement africain : pintade à la sauce arachide et fruits frais.
Nous récupérons – enfin – notre 4×4 climatisé et partons en direction de Dassa où nous passerons la nuit. Cette fois, nous n’empruntons pas la route qui passe par Parakou mais traçons directement vers Dassa. La distance est plus courte mais la route en très mauvais état. Au final, ce n’est pas plus rapide mais cela nous permet de faire une boucle et de voir un autre paysage, plus arboré.
J9 : Dassa – Abomey et ses palais royaux – Ganvié – Porto-Novo (4h de route)
Nous ne voyons rien de Dassa qui ne présente aucun intérêt. Sans parler de notre hôtel vraiment pas top. Notre objectif est d’aller à Abomey, la capitale du royaume du Dahomey (ancien nom du Bénin jusqu’en 1974).
Nous arrivons vers 10h à Abomey, le territoire du célèbre roi Béhanzin (roi de 1890 à 1894), héros béninois et courageux résistant face aux colons. Son imposante statue domine la place Goho, place principale de la ville. Aux premiers abords, cette ville royale nous frappe plus par son austérité que par son faste. Elle cache bien son jeu…
Nous nous dirigeons donc vers le musée et les palais royaux. Le royaume d’Abomey a connu 12 souverains. Chaque nouveau souverain devait se construire un palais à proximité de celui de son père. Abomey est donc devenu une vaste cité royale de 40 ha. Mais le temps, les pluies et les guerres ont détruit la plupart d’entre eux. Aujourd’hui, il ne reste plus que 2 palais – celui du roi Ghézo (1818-1858) et celui du roi Glélé (1858-1889), le père de Béhanzin – qui accueillent le musée.
Les photos sont officiellement interdites à l’intérieur du musée – qui est un espace extérieur – mais le guide nous encourage quand même à en prendre discrètement.
Ces palais sont particulièrement fascinants car ils ont plus de 150 ans et il n’est pas si fréquent de voir d’aussi vieux bâtiments, aussi bien conservés, en Afrique de l’Ouest. Ils sont notamment remarquables pour leur magnifique bas-relief qui décrivent la vie des rois et présentent leur animal totem (le lion pour Glélé et le buffle pour Ghézo). Ils abritent une collection d’objets ayant appartenus aux rois. A noter toutefois que le véritable trône du roi Ghezo, datant du début du XIXe siècle, se trouve actuellement au musée du quai Branly. Pour combien de temps encore ?
Sur le site du musée également, le tombeau du roi dans lequel ont aussi été enterrées vivantes 41 de ses épouses (il pouvait en avoir jusqu’à 400 …). Ces tombeaux continuent d’être honorés tous les 5 jours. A ces moments là, il n’est pas possible d’y accéder.
Actualité !
Il y a quelques jours à peine, le 13 janvier 2018, le nouveau roi d’Abomey a été désigné par un collège de dignitaires, six mois après le décès de son prédécesseur. Le nouveau roi, Kêfa Sagbadjou Glèlè, octogénaire dont on ignore en fait l’âge exact, est descendant d’une longue lignée royale, fils et petit-fils de souverains. Son nom en fon (principale langue véhiculaire au Bénin) est Kêfa, qui signifie « un monde apaisé ». Détenteur de pouvoir mystique et dépositaire de l’autorité religieuse et coutumière, il reste très influent même si la constitution béninoise ne lui reconnaît aucun pouvoir politique
Nous repartons après le déjeuner pour Ganvié, la célèbre cité lacustre du lac Nokoué, au nord de Cotonou. Sanny nous dépose à l’embarcadère où nous embarquons à bord d‘une pirogue à moteur avec un guide. Surnommé la Venise africaine, ce village n’est pas le seul construit sur pilotis mais de loin le plus grand et le plus célèbre. Comme un village terrestre, il est structuré en rues et quartiers. On y trouve des bâtiments administratifs, des écoles, des églises et mosquées, des boutiques, des habitations et un grand marché. Les habitats traditionnels en bambous et chaume laissent petit à petit la place à des constructions plus hétéroclites en toit de tôle et murs en bétons. Quelques îlots artificiels émergent de l’eau : ils permettent aux enfants d’apprendre à marcher. Auparavant, les « Toffinou » ou « habitants de l’eau » se trouvaient diminuer dès qu’ils allaient sur le continent sachant mal tenir debout et étaient stigmatisés. Dès le plus jeune âge, en revanche, les enfants de Ganvié savent nager et piloter seuls leur embarcation. Les habitants vivent principalement de la pêche. Partout sur le lac, on aperçoit des « akadja » : de vastes enclos formés à partir de branchages et de pieux où sont pris aux pièges les poissons. Une technique de pisciculture infaillible mais qui malheureusement contribue au comblement du lac dès lors que les branchages pourrissent et s’entassent au fond de l’eau.
Après avoir traversé Ganvié, nous poursuivons notre balade en bateau et admirons les pêcheurs à l’épervier (autre technique de pêche courante dans la région) qui lancent avec dextérité leur filet lesté. Nous traversons le lac en pirogue jusqu’à Cotonou. L’arrivée dans la capitale économique n’est pas des plus réjouissantes car les abords du lac sont une décharge à ciel ouvert. Nous longeons des quartiers d’une extrême pauvreté où l’odeur des poissons se dispute à celle des ordures. Nous accostons au niveau du marché Dantokpa, le plus grand marché de la ville et un de plus grands d’Afrique de l’Ouest. On y trouve de tout. Les enfants ne s’y sentent pas très à l’aise donc nous traçons et retrouvons Sanny qui nous attend avec la voiture, trop pratique !
Direction Porto-Novo, la capitale administrative du Bénin. Nous nous installons au Centre Songhaï, une ferme biologique modèle qui propose quelques hébergements. Ce centre est en fait un établissement d’expérimentation et de formation à l’agriculture, l’élevage et la pisciculture intégrés. Que vous y dormiez ou pas, vous pouvez le visiter du lundi au samedi (500F/entrée). Nous y arrivons un samedi soir donc ce n’est pas possible pour nous.
J10 – Porto-Novo – Cotonou (1h de route)
Cette journée est consacrée à la visite de Porto-Novo, la « Cité Rouge ». Et une journée entière est bien nécessaire tant la capitale administrative regorge de sites remarquables à visiter.
Tout d’abord, Porto-Novo est incontournable pour son riche patrimonial architectural colonial construit par les « Brésiliens », descendants d’esclaves qui ont quitté le Brésil pour revenir en Afrique. Malheureusement la plupart de ces constructions ont été détruites ou sont délabrées. Et l’argent fait défaut pour les rénover. Celles qui tiennent encore debout sont désormais étiquetées « site classé » et sont inscrites au patrimoine historique (mais pas encore sur la liste de l’UNESCO). Une balade à pied dans les rues de la ville permet d’admirer ces splendides bâtisses de style afro-brésilien, aux couleurs chaudes, qui donnent parfois l’impression d’être en Amérique Latine. Nous nous arrêtons devant une maison qui héberge la plus vieille boulangerie de la ville, fondée par le descendant de l’actuel propriétaire, à son retour du Brésil. Il prend plaisir à nous raconter l’histoire de sa famille et nous vanter la qualité de sa baguette !
Le clou du spectacle est la Grande Mosquée, site baroque aux façades colorées, dont le style architectural est inspiré de la cathédrale de San Salvador de Bahia. Un édifice particulièrement insolite qui ressemble à une église surmontée de deux minarets et du croissant de lune à la place de la croix.
Cette mosquée est implantée au cœur du grand marché Ahouangbo, récemment rénové. Le marché surprend (par rapport à d’autres marchés africains grouillant de monde et envahis de marchandises) par son calme et son ordre. Il a l’air propre comme un sou neuf ! Une des rues principales semblent sponsorisées par Maggi, ces bouillons Kub carrés dont les africains sont si friands. Des maisonnettes en dur sont alignées sur plusieurs dizaines de mètres flanquées d’un fronton aux couleurs de la célèbre marque.
Au cours de notre promenade, nous découvrons également :
- La cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception, érigée en 1854.
- Juste en face, la place Bayol (du nom du premier gouverneur français de la colonie) et la statue du roi To-fa 1er, dernier roi de Porto-Novo.
- Le temple Te-Do et siège mondial des Zangbeto, une société secrète interdite aux non-initiés.
- Le musée Honmé, ancien palais royal, qui raconte la vie des rois de Porto-Novo. Avec la colonisation, les rois ont été dépossédés de leur pouvoir politique. On ne parle désormais plus de rois mais de « chefs supérieurs » qui disposent encore d’un espace réservé au sein de cet ancien palais.
- Le jardin des plantes et de la nature, créé en 1895 sur le site d’une forêt sacrée. Alors là, gare aux moustiques, pensez à vous enduire de répulsif avant d’entrée dans le parc. Des arbres gigantesques comme l’iroko, le caïlcedrat ou le kapokier sont très impressionnants. Des cercopithèques, des petits singes gris à ventre blanc, se baladent en liberté dans le jardin, à l’affût de nourriture que pourraient leur donner les visiteurs. On a prévu quelques bananes que mes fils leur donnent pour la plus grande joie des singes … et des enfants.
- Le musée ethnographique Adandé qui dispose d’une belle collection de masques Guélédé, cette société Yoruba qui pratique des danses rituelles à la fin des récoltes et lors d’événements importants
Les Masques Gélédé
Le patrimoine oral Gélèdé a été inscrit en 2008 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ces masques somptueux sont sculptés par des artistes à partir d’un morceau de bois cylindrique et peints en polychromie. Ils ont des caractéristiques communes aux œuvres Yoruba : les yeux en amande ou encore les trois courtes scarifications sur les joues ou le front. Ils sont constitués de deux parties. La partie inférieure représente un visage de femme. La partie supérieure est liée à la créativité de l’artiste. Des figures d’animaux sont souvent utilisées.
(source : Wikipedia)
Nous avons eu la chance d’en voir à la Fondation Zinsou (dont je vous parle plus loin) ainsi que dans notre hôtel de Cotonou la Maison Rouge (en vente à 300000F pièce). Je n’en ai pas ramené bien qu’ils fassent partie, à mes yeux, des plus beaux masques que j’ai pu voir depuis mon arrivée en Afrique.
Comme je vous l’ai écrit plus haut, une étape à Porto-Novo vaut largement le détour tant il y a à voir. Nous prolongeons l’escapade jusqu’à Adjara, petit village à 10km au nord de Porto-Novo, réputé pour son marché artisanal et notamment ses instruments de musique et ses tams-tams en bois d’iroko. Il est possible de voir les artisans fabriqués ces tams-tams, ce que nous manquons car ils sont tous à la messe le dimanche matin ☹ A la place, nous allons visiter le petit musée ethnologique de la ville, assez modeste, mais proposant quelques belles statuaires d’Afrique de l’Ouest que le conservateur nous présente avec beaucoup d’enthousiasme et de passion !
En fin de journée, nous retournons sur Cotonou et prenons nos quartiers, pour finir en beauté, à la magnifique Maison Rouge, un hôtel de luxe à taille humaine. Le road-trip est définitivement fini. Grand soulagement pour mon mari qui en a bien bavé … Nous allons passer 2 jours tranquilles avant de repartir pour Abidjan.
J11 : Cotonou
Entre deux ploufs dans la piscine, nous partons nous promener quelques heures dans Cotonou. Comme beaucoup de métropoles africaines, pas grand chose à se mettre sous la dent. Sanny nous fait faire le tour de la ville pour que nous puissions voir les monuments remarquables notamment les places symboliques de la période de la révolution (le Bénin a connu un régime marxiste-léniniste de de 1974 à 1990 sous Mathieu Kérékou) : la place de l’Etoile-Rouge, la place de Bulgarie et la place Lénine. Le long du boulevard de la Marina s’élèvent plutôt des constructions modernes comme le Centre de Conférences Internationales, une structure conique en aluminium inaugurée par Jacques Chirac en 1995, et le Palais des Congrès, cadeau de la Chine.
Mais pour moi, l’incontournable de Cotonou est la Fondation Zinsou, l’unique musée d’Afrique occidentale consacré à l’art moderne. Ouverte en 2005, sous l’impulsion de la famille Zinsou (dont nombre des membres se sont illustrés en politique et en affaires, dont Lionel Zinsou candidat malheureux à la dernière présidentielle face à Patrice Talon), cette fondation est un lieu extrêmement dynamique qui organise plusieurs expositions par an et met en lumière des artistes africains contemporains. Peintures, photos, sculptures, installations … oeuvres multiples et diverses issues de la collection privée des Zinsou ou pas. Elle accueille régulièrement des élèves pour éveiller la jeunesse à l’art. Au coeur de l’actualité, elle prend évidemment part au débat qui secoue actuellement le monde des arts premiers suite à la publication du rapport Savoy-Sarr sur la restitution du patrimoine africain par les musées européens (notamment le Quai-Branly en France). A ne rater sous aucun prétexte à Cotonou.
Pour finir, nous allons faire un petit tour au centre de promotion de l’artisanat, marché artisanal de Cotonou, pour ramener quelques souvenirs. Pendant que je fais du shopping, le reste de la famille s’attable à la terrasse d’un petit maquis situé dans le centre (bon à savoir pour les maris qui n’aiment pas le shopping …). Je n’y ai malheureusement pas trouvé de masques Gélélé mais de belles pièces en bronze, statues de calao, papeterie et poteries.
J12 : Cotonou – Abidjan
Dernier jour à Cotonou. Journée repos et détente à l’hôtel. Nous repartons en fin de journée, totalement épuisés mais absolument enchantés par notre voyage.
REMERCIEMENTS
Ce voyage n’aurait pas été possible sans notre exceptionnel guide Sanny qui a conçu cet itinéraire, géré les imprévus, s’est adapté à toutes nos demandes – toujours avec le sourire – s‘est occupé de nos enfants lors de certaines visites qui ne les intéressaient pas, a pris le temps de nous parler son pays, a cherché sans relâche les lions de la Pendjari et j’en passe! Un immense MERCI à lui et son équipe pour nous avoir fait découvrir le Bénin dans les meilleures des conditions.
Pour le contacter : https://lebelierhotel.wixsite.com/lebelier.
A noter enfin que j’ai eu la chance de rencontrer Sanny grâce à l’agence Evaneos qui est une plateforme de mise en relation de voyageurs et d’agents de voyage locaux, experts de leur pays, et qui conçoivent des itinéraires 100% sur mesure. Cette expérience a été tellement positive que j’ai refait appel à Evaneos pour notre prochain voyage en Ouganda en février !
Tous les hôtels, auberges et restaurant cités dans cet article sont décrits plus largement dans l’article Itinéraires et bonnes adresses.
Avec tout cela, j’espère vous avoir convaincu d’inscrire le Bénin sur votre wish-list !!! Bon voyage aux futurs visiteurs de ce pays ! Et comme toujours, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager sur Pinterest en cliquant sur l’une des deux images ci-dessous !
Céline - La vie en rose flamant
Posté à 15:17h, 25 janviervoilà un pays (et même un continent) que nous ne connaissons pas du tout… Ce road trip a l’air de vous avoir enchantés, vous avez fait / vu plein de choses différentes, ça devait être très chouette ! Encore un voyage à ajouter sur une wish list infinie 😉
Isa
Posté à 15:48h, 25 janvierAhhhh oui la whish list est infinie … mais heureusement c’est ce qui nous fait rêver !! Je ne peux que vous inviter à venir découvrir l’Afrique, et le Bénin en particulier qui est vraiment un pays aux 1000 facettes qui permet d’allier à la fois le safari à des découvertes plus culturelles!
Boubals
Posté à 16:54h, 28 janvierBonsoir Isabelle, Nous nous sommes déjà écrit mais je tenais à vous remercier de faire une si belle pub pour ce pays.
Nous sommes actuellement au Bénin.
Nous sommes chez Sanny à Nati et rentrons juste du parc de la Pendjari 😊
Belle soirée à vous
Isa
Posté à 21:52h, 28 janvierProfitez bien du Bénin et embrassez Sanny de ma part !!!
Arthur Morand
Posté à 09:42h, 20 janvierÇa donne vraiment envie !
Quel budget environ pour votre voyage si c’est pas trop indiscret (prix du guide, avec hôtel, safari, nourriture)